Histoire : le Sultan Ibrahim Mbombo Njoya, 19e Roi Bamoun au Cameroun n'est plus

Le Sultan Ibrahim Mbombo Njoya s’est éteint ce lundi 27 septembre en France, à l’Hôpital américain de Paris où il avait été admis à la mi-septembre après avoir contracté la covid-19. Il avait 83 ans. Au moins un des membres de son royaume réside en Guyane.

La Guyane assiste à travers l’une de ses actualités artistiques à la fin d’une ère pour un peuple africain, le peuple Bamoun. En effet, alors que l’on s’intéresse à la sortie du livre du pharmacien Samuel René Pefoura installé à Bourda à Cayenne, le livre qui s’intitule “Vision et grandeur du peuple Bamoun, du temporel à l’intemporel”, le Sultan du royaume qu’il présente dans son œuvre tire sa révérence un mois très exactement avant son 84e anniversaire.

Mais selon les us et coutumes Bamoun c’est-à-dire, depuis la création du royaume en 1394, nul n’a le droit d’annoncer le décès d’un roi avant la communication officielle par le conseil supérieur des Kom intronisateurs (sorte de Sénat) car un malheur s’abattra sur le peuple. Les Kom intronisateurs sont également ceux qui annonceront le nom du successeur, le 20e Roi Bamoun.

Tant que la communication officielle n’a pas eu lieu, on ne parle donc pas de mort ni de décès, on dit que "le Roi s’est retourné." 

Le gouvernement camerounais perd en cet homme une personnalité très influente et très écoutée. La communauté Bamoun représente près de deux millions de personnes.

Ibrahim Mbombo Njoya

Le Roi décède après avoir mené une campagne très active parmi son peuple pour faire barrage à la covid-19, distribuant des masques, du gel hydroalcoolique. Il est allé jusqu’à fermer les lieux de culte au début de la pandémie.

Grand Commis de l’Etat camerounais, on retiendra qu'il prit sur lui de proposer l'organisation par le Cameroun de sa première CAN (Coupe d’Afrique des Nations) de football en 1972.

Le Roi Ibrahim Mbombo Njoya au Musée du quai Branly à Paris en 2020 lors de la restitution des œuvres d'art Bamoun par la France

Sur le plan traditionnel, son peuple retiendra de lui le rétablissement du Nguon, le festival culturel du peuple Bamoun interdit en 1924 par l’administration coloniale française. Le musée des Rois Bamoun est un autre de ses legs. Il entre ainsi dans la lignée des rois bâtisseurs comme nous l’explique Samuel Pefoura dans son ouvrage.

Le Roi Ibrahim Mbombo Njoya peint par Samuel Pefoura dans l'ouvrage "Vision et grandeur du peuple Bamoun"

Un peuple dans l'attente

"Le Roi est mort, vive le Roi.", ces mots que l'on n'entend plus qu'au théâtre, à l'opéra, dans les péplums et autres films de l'Antiquité devraient retentir dans les prochaines heures voire les prochains jours dans le royaume Bamoun au Cameroun et là, on ne parle pas de fiction, tout cela est on ne peut plus réel et sérieux. 

Une fois le corps du Roi des Bamoun rapatrié au Cameroun, les rites funéraires pourront avoir lieu. Son successeur devrait être désigné parmi ses fils.