Une pétition lancée en juin a déjà recueilli plus de 13.000 signatures pour alerter sur les risques environnementaux du projet d'usine de dessalement d'Ironi Bé. L'entreprise en charge des travaux a été choisie, l'usine devrait voir le jour d'ici fin 2025, mais le collectif Un lagon sans poison ne baisse pas les bras. "Des comptes rendus scientifiques à partir des retours d'expérience des usines de dessalement dans le monde montrent des impacts des rejets de saumures et de produits toxiques sur les milieux marins", alerte la rapporteure du collectif, Catherine Ramousse.
"La zone d'Ironi Bé est enclavée, la courantologie (ndlr : la mesure des courants marins) y est faible", plaide l'écologiste. "Le lagon de Mayotte est un milieu particulièrement fragile, il ne faut pas non plus qu'avec l'eau soient aspirés les premiers maillons de la chaîne alimentaire, comme les planctons." Le collectif plaide pour un déplacement du site vers la commune de Bandrélé, près d'Hamouro, pour limiter l'impact des rejets. "Nous préconisons cela par précaution, car aucune étude d'impact n'a été réalisée pour ce site", précise la porte-parole du collectif.
Les associations environnementales dénoncent notamment un projet réalisé dans l'urgence, sans assez de recul sur l'impact sur le lagon ni sur le caractère énergivore de cette installation. "La crise de l'eau n'est pas une nouveauté, rien n'a été anticipé", fustige Catherine Ramousse. "L'urgence serait dans un premier temps de réparer les canalisations, pour ne pas produire une eau dessalée avec un fort bilan énergétique dans des tuyaux percés."