Huit associations environnementales, mahoraises et nationales, ont écrit une lettre aux pouvoirs publics pour expliquer leur préoccupation face "à la gestion de la ressource en eau" et appeler à "des mesures d'anticipation efficaces et durables" pour éviter de revivre une crise de l'eau. Elles dénoncent notamment le projet d'usine de dessalement qui doit voir le jour à Ironi Bé d'ici 2025 pour produire 10.000 mètres cubes d'eau par jour.
"Ce projet ambitieux prend place sur un site aux caractéristiques environnementales riches et sur lequel l'impact d'une telle infrastructure serait catastrophique, notamment sur la mangrove, le milieu marin et sa biodiversité, mais également l'ensemble des activités de pêche et de tourisme qui en dépendent", écrivent les associations. Elles rappellent que le projet fait l'objet d'un arrêté préfectoral d'urgence civile, le dispensant notamment des procédures de concertation.
Le cas de l'usine de Petite-Terre
Elles prennent pour exemple le choix lors de la crise de l'eau de 2017 de réaliser des travaux d'extension de l'usine de dessalement de Petite-Terre pour augmenter la production à 5.000 mètres cubes d'eau par jour. "Cette extension prise dans la précipitation, sans concertation et sans étude préliminaire permet à peine aujourd'hui d'atteindre l'objectif fixé il y a six ans", dénonce cette lettre.
Si les associations reconnaissent que les usines de dessalement sont une solution à la gestion de la ressource en eau, elles appellent à "développer des mesures complémentaires permettant de diminuer la pression sur l'eau", comme la réduction des fuites et la récupération des eaux pluviales à des fins non alimentaires. Les signataires de cette lettre rappellent également le rôle des sols et des forêts pour stocker les eaux pluviales et recharger les nappes et cours d'eau.
Des assises de l'eau
"Mayotte est aujourd'hui le territoire français subissant le taux le plus élevé de perte du couvert forestier avec un défrichement entre 2011 et 2016 estimé à 6,7%, soit 1.400 hectares de terres boisées disparues", précise les associations, qui appellent à la mise en place d'un "programme pluriannuel de reboisement ambitieux." Des sujets qui doivent être discutés entre les institutions, les élus, les associations, et les acteurs économiques "sous forme d'assises de l'eau" selon les signataires. "De cette forme de démocratie participative pourraient émerger des solutions apaisées et négociées pour construire un avenir partagé."