Initialement, les militaires avaient tout prévu pour le 1er juillet 66, mais l’opération est finalement décalée de 24h. C'est donc le 2 juillet, à 5h34, qu’une bombe de 28 kilotonnes explose au dessus de Moruroa. Elle a été tirée depuis une barge située dans le lagon de cet atoll des Tuamotu. L'explosion représente deux fois la puissance de Hiroshima.
Des élus à bord du Foch
Les opérations sont menées depuis des bâtiments militaires qui se trouvent dans la zone. L'amiral Lorrain, directeur des essais au Commissariat à l'énergie atomique, est à bord du croiseur De Grasse. Un porte avion, le Foch, transporte l'essentiel des troupes. A son bord, plusieurs personnalités de l'époque ont été invitées. On trouve le président de l'Assemblée, Jacques Tauraa, mais aussi les élus Frantz Vanizette et Rudy Bambridge.
A Papeete, aucune inquiétude selon la télévision
A l'époque, la presse et les caméras ne sont pas autorisées à assister à ce tir. La télévision filme les préparatifs de l'armée et la vie quotidienne à Papeete. Et selon les reporters, rien, pas même la bombe, ne vient troubler la quiétude du Tahiti d'antan...
CLIQUEZ ICI POUR VOIR LA VIDEO ISSUE DES ARCHIVES DE l'INA.
Premières retombées aux Gambier
Peu après le tir d'Aldébaran, un nuage radioactif se dirige vers Mangareva. Un groupe d'officiels, qui a observé les opérations depuis un bunker, est invité à quitter les lieux au plus vite. La radioactivité est très forte. Les festivités prévues sont annulées. Un navire est envoyé à Mangareva pour faire des prélévements. Le médecin à bord décrit un véritable accident militaire. Mais pour éviter d'effrayer la population, les conséquences réelles d'Aldébaran sont cachées.
Dès le 19 juillet, un nouveau tir, baptisé Tamouré, a lieu à Fangataufa. Il est encore plus puissant : 70 kilotonnes ! Entre juillet et octobre 1966, six essais nucléaires sont organisés. Les essais aériens se sont poursuivis pendant près de dix ans, jusqu’en 1974 avec à chaque fois une contamination importante des Tuamotu Gambier.
Au total, 193 essais nucléaires ont eu lieu en Polynésie française.
Le CRIIRAD se penche sur les conséquences des essais pour la population
La Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité, la CRIIRAD, vient de publier un communiqué au sujet des retombées du nucléaire en Polynésie. Selon cette ONG, la contamination n'est plus à l'ordre du jour pour les habitants de Mangareva. Mais, à l’époque des retombées, la contamination de l’air, puis celle des sols et de la chaîne alimentaire ont entrainé une exposition de la population nettement supérieure aux normes sanitaires.La CRIIRAD préconise une publication de toutes les données de l'armée, des études épidémiologiques indépendantes sur les pathologies cancéreuses et des études biologiques pour savoir notamment si des anomalies génétiques se sont développées aux Tuamotu Gambier.
Le communiqué est consultable sur le site de la CRIIRAD.