Repas du nouvel an : de l'anguille dans le ma'a tahiti, un régal !

La fameuse anguille cuite à point. Un plat de roi !
C’est un incontournable du 1er de l’an : le ma'a tahiti, repas traditionnel polynésien. Oui mais celui-là est exceptionnel puisqu'il a cuit presque une journée entière et qu'à l'intérieur, en plus du fei, uru et taro, il y a de l'anguille, réputée pour sa chair extrêmement tendre. Hier à Papenoo, les papilles de plus d'une centaine de convives ont été flattées lors de la dégustation.

C’est dans un four creusé dans la terre que le ahi ma’a prend vie. Le porc sauvage, pièce maîtresse du repas, y est cuit avec soin, accompagné de taro, de bananes ou encore du célèbre po’e, ce dessert local à base de fruits et d’amidon. Et pour les amateurs de spécialités, il y a du puhi, une anguille préparée avec délicatesse par Nicolas Domingo. "Déjà il faut aller à la pêche, puis la nettoyer. Après on la découpe, et la veille il faut l'assaisonner. Il faut la mettre dans le 'o'ini (petit panier rond en feuille de cocotier) [qui est placé] dans le ahi ma'a", explique-t-il.

Le cochon juste après l'ouverture du four. Le fumet est incroyable.

Chaque ingrédient est soigneusement préparé avant d’être disposé dans le four. La cuisson lente, sublimée par la vapeur qui s’échappe, confère aux plats une texture et un goût incomparables.
Et derrière ce savoir-faire, il y a une histoire de famille. Papa Owen Domingo et les siens perpétuent cet art depuis des générations. Pour eux, le ahi ma’a n’est pas qu’un mode de cuisson : c’est un héritage, un symbole de transmission et de respect des traditions. "Nous on dit que c'est le uma opio (cuisse très longue), tu peux laisser toute la journée, et le lendemain matin...le ma'a c'est meilleur", détaille Papa Owen. 

Magique !

Lorsque les arômes commencent à flotter dans l’air, c’est toute une magie qui opère. Les sens s’éveillent, les regards se croisent, et les rires s’élèvent. Ce rituel, profondément enraciné dans le passé, reste au cœur des rassemblements familiaux. Pas de précipitation, juste un moment de partage et d’harmonie. "Il y a plusieurs groupes et chacun a sa tâche. Quel que soit le tamaaraa, la porte est ouverte à tous", précise Adèle Domingo.

Tout le monde apprécie.

Mercredi, ils étaient 150 à se retrouver autour de cet événement festif, dans une ambiance chaleureuse et gourmande. Et comme toujours, une question revient : qu'y a-t-il au menu aujourd’hui ? "La petite nouveauté cette année, c'est le poe à la goyave, magnifique !", lâche une jeune femme. Pour un autre convive, c'est "le puhi, le serpent de l'eau. L'anguille est un poisson très gras, la tête est meilleure que le corps. Un plat royal"

Une tradition bien vivante, un repas qui rassemble… Le ahi ma’a est bien plus qu’une simple cuisine : c’est un véritable lien entre les générations et une ode à la convivialité. Un art que la famille Domingo maîtrise à la perfection, pour le plus grand bonheur de ses invités.

Le reportage de Shiquita Teiva :

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