Kannari 2 : un nouveau sondage pour mesurer l’imprégnation à la chlordécone est lancé

Ouvrière agricole dans une bananeraie
Une nouvelle étude Kannari est lancée pour mesurer de prévention de l’exposition à la chlordécone et autres polluants aux Antilles. Elle est lancée par Santé publique France en Martinique et en Guadeloupe dans le cadre du plan chlordécone IV. Plus de 3 000 personnes sont tirées au sort afin d’y participer. La mise en place de cette étude permettra d’améliorer les connaissances afin de poursuivre et renforcer les mesures d’accompagnement adaptées.

Santé publique France annonce le lancement de Kannari 2. Il s’agit d’une nouvelle étude pour mesurer l’imprégnation à la chlordécone et à d’autres polluants environnementaux de la population Martiniquaise et Guadeloupéenne.
Il y a 10 ans, cette étude a montré que 9 Antillais sur 10 avaient de la chlordécone détectable dans le sang.

L’étude Kannari 2 a pour objectifs :

  • de mesurer l’évolution des niveaux d’imprégnation de la population à la chlordécone, 10 ans après la première étude Kannari;
  •  d’évaluer l’imprégnation à une sélection d’autres molécules (pesticides et métaux lourds), dont certains pour la première fois  comme le glyphosate, les métabolites des pyréthrinoides et plusieurs métaux lourds (plomb, arsenic, mercure);
  • d’identifier les facteurs qui sont associés au niveau d’imprégnation élevé dans la population ;
  • d’étudier l’imprégnation des populations plus sensibles (enfants et femmes en âge de procréer) et plus exposées (travailleurs agricoles, pêcheurs, personnes résidant en zone contaminée)
  • de mesurer les connaissances et l’adoption des recommandations alimentaires visant à réduire l’exposition à la chlordécone.

La nouvelle étude Kannari 2 permettra de mettre à jour les mesures de la présence de chlordécone dans les organismes des antillais et d’identifier la part de la population qui dépasse le seuil au-delà duquel un effet sur la santé ne peut être écarté. Enfin, elle permettra d’identifier quels sont les facteurs qui influencent l’exposition, ce qui est déterminant pour mener une prévention ciblée et appropriable par la population. Kannari 2 est faite pour la population antillaise, la participation du plus grand nombre est indispensable pour la réussite de cette étude.

Dr Caroline Semaille, Directrice générale de Santé Publique France 

Plus de 3 000 participants dont 700 enfants

Plus de 3 000 participants dont 700 enfants, âgés de 6 ans ou plus sont tirés au sort pour cette étude.

 Les personnes tirées au sort seront informées par courrier. Elles seront ensuite rencontrées à leur domicile pour une présentation détaillée de l’étude par un enquêteur et le recueil de leur accord de participation, un examen clinique par une infirmière et le recueil des prélèvements biologiques (urine et sang) et enfin le remplissage d’un questionnaire sur leurs habitudes de vie, leur alimentation et leurs activités professionnelles et de loisirs.

L’étude se déploie de janvier à juillet 2024, sur l’ensemble des communes de Martinique et de Guadeloupe.

Cette étude repose sur le volontariat des personnes tirées au sort. Un dispositif d’information, comprenant une hotline (Numéro vert 0 800 945 901 gratuit depuis un poste fixe ou un mobile) et un site internet dédié (www.kannari2.fr), sont mis en place pour répondre aux questions.

Des vidéos d’experts, des affiches, des dépliants, une bande dessinée sont également mis à la disposition de tous et des acteurs engagés pour limiter l’exposition à la chlordécone.

Cette étude est complémentaire des actions des ARS qui ont mis en place la chlordéconémie, une mesure individuelle de son imprégnation et des programmes d’accompagnement personnalisés.

Jacques Rosine, Responsable Santé publique France Antilles

Il y a 10 ans, 9 Antillais sur 10 avaient de la chlordécone détectable dans le sang

L’étude Kannari a déjà été réalisée entre 2013 et 2014. Les résultats ont montré que plus de 9 Antillais sur 10 avaient de la chlordécone détectable dans le sang. Ce qui correspond à 14 % de la population adulte en Guadeloupe et 25 % en Martinique qui présentent un dépassement de la Valeur Toxicologique de Référence interne (VTRi) établi par l’Anses en 2021.

La VTRi permet de déterminer les seuils au-dessus desquels le risque d’apparition d’effets sur la santé ne peut être exclu et ainsi repérer les profils de population et zones géographiques sur lesquels l’action doit être renforcée.