L'art des couronnes de fleurs par Tiarenui Ebb : un trésor à transmettre

L'idée est née en 2018. Au marché de Papeete, une maman qui achète une couronne à sa fille pour la photo de classe. Tiarenui l'entend dire : "il faudrait peut-être que l'on apprenne à les faire un jour". C'est un déclic.

Et si cette tradition aussi belle qu'unique était en voie de disparition ?

Oui, la couronne de fleurs est emblématique de nos îles. En Polynésie, pas un accueil, une fête, un mariage, une occasion sans couronnes de fleurs ou de végétaux. Et ce depuis la nuit des temps, car pour ce livre, "Couronnes végétales de Tahiti – Te Hei Upo’o no Tahiti", Tiarenui a poussé les recherches. Récits, iconographie, légendes : les Polynésiens ont toujours porté des fleurs sur leur tête. Plus qu'une simple parure, elles faisaient partie du quotidien. Tiarenui a passé ces dernières années à rechercher et à écrire l'histoire des couronnes de fleurs polynésiennes, ainsi qu'à imaginer des tutoriels détaillés, photos à l'appui. Cousues, enfilées, enroulées, tressées, les couronnes se déclinent fraîches ou séchées, complexes ou en toute simplicité. Des œuvres d'art florales qui portent en elles l'essence même de la culture polynésienne. Alors oui, voir des couronnes sur les têtes des femmes et des hommes en Polynésie n'est pas "rare". Mais la transmission s'altère peut-être un peu. Le constat de Tiarenui est également très personnel : lors d'occasions privées, elle voit de moins en moins de têtes fleuries. "J'ai eu peur que les gens finissent par associer les couronnes au simple folklore". Elle qui a grandi dans une famille de bringueurs, où la fête et la musique tenaient une place importante, les couronnes de fleurs étaient légion. Pour Tiarenui, cette transmission est cruciale, car la place des couronnes de fleurs dans la célébration et la fête en Polynésie est incontestable, unique et symbolise le lien entre les individus, un véritable trésor culturel. Son ouvrage constitue un hommage vibrant à cet art qui unit et célèbre, perpétuant ainsi une tradition qui, loin d'être une simple parure, est le témoin vivant de la richesse culturelle de la Polynésie.