L'Etat demande plus de transparence aux sucreries des DOM

Sucrerie
Les sucreries des DOM doivent être transparentes sur le partage de la valeur ajoutée. C’est l’avis d’Arnaud Martrenchar, délégué interministériel à la transformation agricole des Outre-mers.

Arnaud Martrenchar le répète à qui veut l'entendre, la production de canne et de sucre est la filière agricole des DOM la plus subventionnée, avec des aides de l'Etat et de l'Europe aux planteurs, mais aussi aux sucreries. 

Le délégué interministériel à la transformation agricole des Outre-mer s’exprimait lors d’une audition, le 6 avril, devant la délégation outre-mer du Sénat, dans le cadre d’un rapport sur le foncier agricole dans les Outre-mer. 

Le modèle des entreprises sucrières en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion, il a un gros défaut qui est structurel, c'est qu'il est excessivement dépendant des aides publiques. On donne, chaque année, 220 millions d'euros à la filière sucre outre-mer. [...] Ces aides servent à produire aujourd'hui 200 000 tonnes de sucre... Qui se vendent peut-être à 500 euros la tonne, ce qui fait 100 millions. Donc, pour produire 100 millions d'euros de valeur, on doit donner 220 millions d'euros de subventions. 

Arnaud Martrenchar, délégué interministériel à la transformation agricole des Outre-mer

Le délégué interministériel poursuit avec une prise de position qui fait particulièrement écho aux revendications actuelles des planteurs de Guadeloupe. Lesquels attendent des industriels un plus gros effort dans le prix de la tonne de canne, composé pour près des 2/3 d'aides publiques selon la nouvelle convention. 

Il faut que les entreprises sucrières, d'abord, soient transparentes sur le partage de la valeur ajoutée. Aujourd'hui, on sait que les aides transitent par les sucreries... que ces aides sont forfaitaires, c'est-à-dire que quelque soit le volume de canne que vous produisiez, 2 millions de tonnes de canne ou 1,5 million de  tonnes de canne, l'aide que perçoivent les sucreries est la même. Donc, on peut penser que la sucrerie, cela lui coûte moins cher d'acheter 1,5 million de tonnes de canne que d'acheter 2 millions de tonnes de canne. Donc il faut qu'il y ait une transparence sur le partage de la valeur ajoutée. C'est essentiel pour ramener un peu de sérénité. On voit qu'en Guadeloupe, cela ne se passe pas très bien, en ce moment, sur la convention canne.

Arnaud Martrenchar

Et pour moins dépendre de l'Etat, les sucreries des DOM sont encouragées à se positionner sur des marchés plus porteurs. 

Il faut que les entreprises sucrières essaient de s'avancer vers des produits à forte valeur ajoutée, qui se vendent le plus. Est-ce que c'est nécessaire de développer des sucres en vrac qui se vendent 250 euros la tonne. Est-ce qu'il ne faut pas plutôt essayer au maximum d'aller vers des sucres de spécialité qui se vendent 900, 1 000 euros la tonne ? Aujourd'hui, un sucre bio de canne français, ça n'existe pas. [...] Je sais qu'à Gardel, ils veulent en faire. Je sais que Tereos (groupe coopératif sucrier français) avait dit : on va essayer de faire 5 000 tonnes. Cela représente 10% du marché national.

Arnaud Martrenchar, délégué interministériel à la transformation agricole des Outre-mer

Gardel devrait ainsi lancer ses premiers sucres bio l'an prochain, sachant que la moitié de sa production est déjà valorisée en sucres de bouche, dits spéciaux. Et là aussi, les planteurs réclament leur part du gâteau.