L’Institut d’émission d’Outre-mer décrit une économie calédonienne “en net essoufflement et des perspectives très incertaines”

Vue aérienne du quartier industriel et commercial de Ducos, à Nouméa
L’économie de la Nouvelle-Calédonie va mal et elle devrait rester incertaine. Dans sa synthèse annuelle, présentée ce jeudi, l’IEOM confirme que 2023 a été une année de repli.

En 2023, l’inflation a marqué le pas. Dans la synthèse économique dédiée par l’IEOM à l’année passée, c’est le point qui pourrait être qualifié de positif et en fait, il ne l’est pas. Cela rime en effet avec faiblesse de la croissance. Et surtout, malgré ce recul de l’inflation, les prix de l’alimentation ont continué d’augmenter : + 5 %. D’une façon globale, 2023 a été marquée par la mauvaise santé de l’économie calédonienne. Elle se mesure notamment à travers l’ICA, l’indice du climat des affaires.

On a un très net essoufflement de la dynamique économique calédonienne en 2023. Le rebond de 2022 a été très court et on a un repli, puisque notre indicateur du climat des affaires repasse sous sa moyenne de longue période.

Jérémy Charbonneau, responsable du service des études à l’IEOM

Crise du nickel, et du BTP

Bien sûr, la crise que connaissent les usines de nickel ébranle l’économie locale. Elle a un impact direct sur les ressources et les dépenses des foyers. Le secteur représente 20 % du PIB (produit intérieur brut) calédonien et un quart des emplois. Situation de repli, également, dans le secteur du BTP. Cela se confirme, en ce début 2024. On assiste à ce qu’on appelle une hausse des défaillances des entreprises, dans cette filière. On observe aussi un net ralentissement des crédits bancaires. Par les particuliers, mais aussi par les entreprises.

On a un très fort repli de la production de crédit des banques, qui s’est manifesté au quatrième trimestre 2023, qui se confirme au premier trimestre 2024. C’est le signe d’un très fort attentisme des entreprises, qui ont une forte incertitude sur les perspectives.

Jérémy Charbonneau, IEOM

Moins d'argent déposé en banque

Une autre donnée s’avère éloquente, quant à la situation de crise : le déficit clientèle des banques continue à se creuser. Il est lié essentiellement au fait que les dépôts d’argent se sont contractés. Cela représente quarante milliards de francs CFP de moins, en 2023. Un constat qui peut en partie s’expliquer par une forme de fuite des capitaux. Des milliers de personnes auraient quitté la Calédonie ces dernières années. Pour celles et ceux qui vivent toujours sur le Caillou, et ont les moyens d’investir, la tendance est plus que jamais à le faire ailleurs. L’incertitude institutionnelle et politique, ainsi que l’absence de mesures d’urgence, pèsent lourd. Sans oublier l’effondrement des finances publiques.

La synthèse d'Angela Palmieri et Claude Lindor

©nouvellecaledonie

Pour aller plus loin, Yann Caron, directeur de l’IEOM, était l’invité du JT ce jeudi.

Son entretien avec Loreleï Aubry