L'agence des Nations Unies pour les réfugiés veut que les demandeurs d'asile et les réfugiés que l'Australie a placés dans les camps de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, et de Nauru, soient immédiatement envoyés dans un endroit où ils pourront vivre « dans des conditions humaines ».
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Une délégation de l'Onu s'est rendue, il y a quelques jours, dans le centre de rétention de Nauru. C'est lors de cette visite qu'un réfugié iranien de 23 ans, Omid Masoumali, s'est immolé par le feu. Il est décédé deux jours plus tard. Une jeune somalienne, Hodan, est dans un état critique après s'être, elle aussi, immolée par le feu à Nauru.
Pour Catherine Stubberfield, du bureau australien de l'agence des Nations unies pour les réfugiés, cela fait plusieurs années que la santé mentale des 2 000 demandeurs d'asile et réfugiés des camps australiens offshore se dégrade :
« Ce sont les conséquences très prévisibles de la détention prolongée de ces personnes, et le signe qu'elles ont désormais perdu tout espoir. Quand on parle de ces incidents, il faut se demander ce que ces personnes ressentent : elles ont fui des traumatismes, des persécutions, des guerres, en pensant trouver un endroit où vivre en sécurité. »
Cette semaine, le ministre australien de l'Immigration, Peter Dutton, et le gouvernement nauruan ont accusé les militants des droits des réfugiés d'être à l'origine des suicides et tentatives de suicide perpétrés dans les camps offshore. Aujourd'hui, Peter Dutton a désigné une autre cible : les médias, accusés de « donner de faux espoirs à ces gens, en leur faisant croire qu'ils pourraient s'installer en Australie ».
Des médias qui ne peuvent pas faire de reportage dans les centres de rétention et ne se rendent donc pas compte de la situation sur place, souligne Catherine Stubberfield :
« Ce que l'on voit lors de nos missions d'observation, c'est que les gens vivent dans des conditions médiocres, ils sont trop nombreux, ils n'ont pas accès aux services de base… Ils ne bénéficient pas du soutien dont ils ont besoin. Plutôt que de parler de l'impact médiatique, on devrait parler de la réalité des dommages considérables causés par la détention dans ces centres situés à l'étranger et des politiques de traitement des demandes d'asile. »
L'Onu recommande donc le transfert de ces 2 000 personnes, mais où ? L'agence ne peut que demander qu'ils soient accueillis dans des conditions adéquates, le choix du lieu revient« au gouvernement concerné. Dans ce cas, le gouvernement australien », précise Catherine Stubberfield.