Dix membres de la famille d'Ahmed Abdou, surnommé Fanou, se sont réfugiés cette semaine à Mayotte. Le gendarme de 24 ans avait agressé au couteau le président comorien Azali Assoumani le 13 septembre, avant de mourir moins de 24h plus tard en détention dans des conditions troubles. "On est persécuté, à chaque fois les gendarmes viennent chez nous, il n'y a pas d'enquête alors on ne sait pas ce qu'ils recherchent", raconte son oncle. "On a fui, car on a peur, même ici on a peur car on n'est pas loin des Comores."
Ils sont arrivés clandestinement à Mayotte, en effectuant la dangereuse traversée en kwassa depuis Anjouan. Une fois sur place, une demande d'asile a été déposée auprès de l'Ofpra, l'office français de protection des réfugiés et apatrides. "Leur quotidien se résume à des harcèlements, des intimidations, des chantages", résume maître Said Larifou, l'avocat de la famille. "Par exemple, le frère de Fanou a passé plusieurs jours à la gendarmerie de Moroni, car on le soupçonne d'avoir manipulé son téléphone. Il a onze ans."
Une plainte déposée auprès de la justice française
D'autres membres de la famille ont également passé plusieurs jours à la gendarmerie selon l'avocat. "Sa mère s'y rendait pratiquement tous les jours", ajoute-t-il. "Une fois, elle a échangé avec l'un des fils d'Azali Assoumani, qui est commandant de gendarmerie. Il y a eu un chantage odieux pour qu'elle désavoue l'information crédible et sérieuse selon laquelle son fils a été torturé et victime d'assassinat. Il fallait absolument qu'elle remette en cause cette version, pourtant corroborée par des preuves."
Sa famille cherche désormais à obtenir la protection de la France et à rétablir la vérité. "Une plainte a été déposée au tribunal de Mamoudzou contre X, elle a donc vocation à s'ouvrir sur toutes les responsabilités et à faire la lumière sur cette affaire", résume l'avocat. Il met notamment en cause des incohérences du parquet de Moroni sur le constat de la mort du jeune homme, mais aussi la célérité avec laquelle l'enquête a été close, sans s'interroger sur les causes du décès.