Les élus ont voté une résolution qui revient sur le texte adopté lors du congrès du mois dernier qui n’avait qu’un point à l’ordre du jour : quelle place pour les communautés autochtones dans le cadre de l’évolution institutionnelle ? Ces dernières avaient obtenu un droit de véto sur toutes les questions qui les touchent directement ou indirectement.
L’assemblée des élus territoriaux a donc voté ce 30 mai pour que la future Assemblée des hautes autorités autochtones émette des avis obligatoires : comprenez systématiques et consultatifs... et des avis conformes : comprenez contraignant, dès lors que leurs intérêts sont atteints. Ce sera à la loi organique, le moment venu, de détailler le périmètre de ces avis conformes, ces droits de véto de fait.
Les élus ont également voté la même disposition pour les communautés bushinengue, pour qui il avait été acté lors du congrès de décembre dernier, un sénat coutumier émettant des avis consultatifs.
Éteindre l’incendie
L’objectif pour l’exécutif territorial est d’éteindre l’incendie né du vote du congrès du 13 avril. Un vote fait dans la précipitation en mettant fin aux débats de l’assemblée afin de répondre à la demande d’un vote sans amendements émise par les communautés amérindiennes. Une décision qui a abouti au vote le plus fracturé de l’ensemble du projet Guyane.
Un choix contesté immédiatement par les représentants des communautés bushinengue, mais également une partie des élus, fustigeant un deux poids deux mesures dans ce dossier entre sénat coutumier d’un côté et hautes autorités autochtones de l’autre.
Un pas mal affirmé
Les divisions politiques n’ont pas cessé pour autant. L’opposition au sein de la CTG critique un vote qui dénature les résolutions sorties des congrès. Le texte voté en plénière est présenté comme le fruit d’une négociation avec les représentants des différentes communautés menée par le groupe de travail sur l’évolution statutaire. Dans les faits, la résolution renvoie les détails qui fâchent à plus tard, à la loi organique. Autrement dit on gagne du temps. Il apparaît clairement en effet que, s’il existe actuellement dans le projet deux organes consultatifs, c’est bien en raison de la volonté des communautés autochtones que la question de la reconnaissance du statut de peuple autochtone soit considérée à part. Une reconnaissance qui implique une acceptation d’une même lecture historique et qui amène des implications en termes de réparation comme c’est le cas sur le plan international. Il ne s’agit pas d’une simple communauté parmi d’autres qui cherche à imposer ses désidératas.
Penser que la réponse puisse se résumer à un traitement égal de toutes les communautés revient à persister dans une politique de l’autruche.