La sénatrice Lana Tetuanui interpelle le gouvernement central sur l'ingérence de l'Azerbaïdjan

Lana Tetuanui, lors de sa question au gouvernement, au Sénat.
"Comment la France entend-elle garantir la sécurité et la stabilité de nos territoires, face aux ingérences étrangères ?" a demandé la sénatrice, Lana Tetuanui, au premier ministre, lors des questions au gouvernement, au Sénat. L'élue a pointé le rapprochement de l'Azerbaïdjan avec les indépendantistes polynésiens et calédoniens.

Lors des questions au gouvernement, mercredi au Sénat, la sénatrice Lana Tetuanui a interpellé le premier ministre sur l'ingérence de l'Azerbaïdjan dans les territoires français du Pacifique. "Les élus indépendantistes se rapprochent de  l'Azerbaïdjan en toute impunité et on laisse faire," a-t-elle déclaré, pointant du doigt le déplacement de plusieurs élus Tavini et la signature d'un mémorendum entre le parti bleu et l'Azerbaïdjan, mais aussi le rôle joué pendant les émeutes en Nouvelle-Calédonie. "Malgré tous les travaux du Parlement en cours sur le spectre des ingérences étrangères, quelle est la position de la France ? Comment la France entend-elle garantir la sécurité et la stabilité de nos territoires face à ces ingérences étrangères ?"

"Ne jamais vivre ce que nos voisins calédoniens subissent"

Le gouvernement central lui a répondu par la voix de Franck Riester, ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l'attractivité de France. "L'Azerbaïdjan a fait le choix de provoquer une crise sans précédent dans les relations bilatérales avec la France. Bakou multiplie les attaques de plus en plus agressives à l'égard de la France. Il s'agit d'abord de manoeuvres informationnelles : plus d'une trentaine depuis janvier 2023, ont été documentées par Viginum [organisme de lutte contre les ingérences numériques étrangères ndlr]. Elles sont inacceptables et nous les dénonçons avec la plus grande fermeté. [...] Nous avons relevé avec préoccupation l'invitation par l'Azerbaïdjan de certains responsables indépendantistes de Polynésie française, le 30 mai dernier. Nous pensons aussi à un certain nombre d'initiatives à l'égard des indépendantistes de Nouvelle-Calédonie. Nous continuerons à dénoncer ces pratiques, à agir contre toutes les ingérences étrangères pour bâtir une sorte de bouclier démocratique contre ces ingérences." Le ministre a cité en exemple, "les ingérences russes" : "ces étoiles de David dans Paris", "ces mains rouges sur le mémorial de la Shoah", "ces cercueils au pied de la Tour Eiffel".

Une réponse qui n'a pas semblé convaincre la sénatrice qui a insisté : "Dois-je vous rappeler qu'en Polynésie, plus de 75% de la population tient à rester dans le giron de la République française ? Le silence de Paris nous interpelle. Nous attendons des actes forts de l'Etat pour prévenir toute manipulation d'autres pays dans nos territoires tant convoités et ne jamais vivre ce que nos voisins calédoniens subissent".

La pétro-dictature soutient tous les indépendantistes

Depuis plusieurs mois, la pétro-dictature de Bakou fustige le "colonialisme français" et soutient les mouvements corses, calédoniens et polynésiens, en représaille à la politique pro-arménienne de la France. L'Azerbaïdjan et l'Arménie sont en effet en conflit ouvert depuis 2021 et l'Azerbaïdjan ne retire pas ses troupes, malgré les appels du Parlement européen, de la France et des Etats-Unis.

Par ailleurs, l'Azerbaïdjan a été accusée d'ingérence par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, dans le conflit qui secoue la Nouvelle-Calédonie.

L'Azerbaïdjan est présidé par Ilham Aliev, qui succède à son père, élu à plus de 92% des suffrages. De nombreux cas de torture dans les prisons azerbaïdjanaises sont documentés. Les ONG indépendantes, les activistes des droits de l’homme et les journalistes indépendants ont dû quitter le pays ou sont harcelés par le régime.