Le CHS de Nouville en souffrance de soignants

Le CHS Albert Bousquet, à Nouméa.
Rien ne va plus, au centre hospitalier spécialisé Albert Bousquet. En un an, 33 lits ont été fermés. L'établissement est obligé d'adapter le nombre de ses admissions par rapport aux nombre de soignants disponibles. Le besoin de médecins et d'infirmiers est criant.

20 patients, dont 18 hommes et 2 femmes sont hospitalisés en unité d’admission sans consentement, au CHS de Nouville. Ils sont encadrés 24h sur 24, par 28 infirmiers et aides soignants, avec un demi médecin psychiatre. Pour avoir le nombre de soignants nécessaire au bon fonctionnement de l’unité, il a fallu en début d'année fermer 10 lits, sur les 30 de l’unité.

"Du fait d’avoir fermé l’unité sécurisée, ça a permis en effet de recentrer les effectifs que sur une seule unité et de pouvoir accompagner au mieux les patients qui sont hospitalisés. Dans d’autres unités, ce n’est pas le cas, il leur manque des postes d’infirmier", explique Arsene Goujon, cadre de santé de l’unité d’admission sans consentement.

Fermeture de 10 lits du pavillon 5

Tous les lit de l’unité sans consentement, appelé pavillon 5 sont occupés. Actuellement il manque 2 soignants sur les 28. Ils sont en arrêt maladie, après avoir été agressés par un patient. La fermeture des 10 lits de cette unité en début d’année n’est pas sans conséquences, pour les malades.

"On a très souvent des demandes qui émanent de la justice et qui émanent du Haut-commissariat. Des demandes qui sont très difficiles à refuser parce qu’il y a vraiment une dimension légale dans ces admissions. On doit en refuser certaines, faute de mieux et surtout ça nous oblige à faire sortir les patients qui sont ici très rapidement, pour pouvoir garder les quelques lits disponibles pour les cas les plus aigüs", poursuit le Dr Henri Schmitt, psychiatre et président de la commission médicale de l’établissement.

2 médecins psychiatres au lieu de 8

Sur l’ensemble des 151 lits que compte le CHS Albert Bousquet, il y a actuellement 2 médecins psychiatres, au lieu des 8 nécessaires. Dans le privé, il en manque également. "Les délais de consultation sont au minimum à un mois et demi ou deux mois maintenant pour la première consultation. Vous imaginez quand quelqu’un va mal, a des idées noires... un mois et demi ou deux mois, ça représente un délai considérable. Alors après, quand on s’éloigne de Nouméa, la situation devient très préoccupante", ajoute le Dr Henri Schmitt.

Le centre hospitalier spécialisé Albert Bousquet, ce n’est pas seulement l’hôpital de Nouméa, mais également des services répartis dans les 3 provinces, à Lifou, Koumac, Poindimié et Koné. Pour trouver des solutions à cette pénurie, la direction de l’établissement réfléchit.

Attirer les professionnels de santé

"Pour attirer les professionnels de santé, il ne s’agit pas simplement de les payer mieux. Il faut aussi ne pas oublier les conditions de travail au quotidien. Il faut aussi peut-être décomplexifier les recrutements. Nous, par exemple, pour recruter un personnel infirmier, il nous faut un an. Alors que la préconisation serait de revenir au recrutement sur titre", détaille Philippe Palombo, directeur du centre hospitalier.

Autre conséquence de la pénurie de soignants : certains patients sortent avant une stabilisation de leur état. Ils peuvent alors se retrouver impliqués dans des faits divers, tant comme victime qu'accusé.

Le reportage de Brigitte Whaap et Laura Schintu :

Jacqueline Bernut, présidente du conseil d'administration du CHT et du CHS, était l'invitée du journal télévisé de ce vendredi 8 juillet. Elle répondait aux questions de Laurence Pourtau :

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