Lire aussi : 1516 nouveaux cas entre le 22 août et le 4 septembre, 3 nouveaux décès
Le nombre de patients Covid hospitalisé est passé de 4 à 50 entre le 13 août et le 7 septembre
Dans son courrier au représentant de l'Etat, et à la directrice de l'ARS, le directeur du CHU de la Guadeloupe dresse un tableau inquiétant : tous les indicateurs internes de l’établissement sont dans le rouge et les courbes ne montrent pas de signes d’inflexion.Le nombre de patients covid hospitalisés au CHU est passé de 4, le 13 août à 50, le 7 septembre. Cela représente un lit sur deux en réanimation ou en Unité de Surveillance Continue occupé par un patient COVID+.
L'afflux de patients suspects ou confirmés ne cesse d'augmenter et aucun signe n'évoque ni un passage à un plateau, ni un pic atteint.
Voici illustrée en chiffres la situation du CHu de la Guadeloupe. On peut y lire par exemple que la première semaine de septembre, la semaine 36,187 dossiers de régulation COVID ont été ouverts au CHU.
C’est 15% de l’ensemble des dossiers contre 6 en moyenne au cours du mois août.
Point épidémio CHUG Spécial Covid 19
Pour faire face à l'afflux de malades, le CHU a déclenché le plan blanc le 23 août afin de réorganiser les services et les espaces d'accueil des malades.
#COVID19. Pour éviter la propagation du virus au sein du @Chu_Gpe, il y a désormais deux services d’urgences distincts : les urgences générales et les urgences dédiées aux patients atteints ou suspectés de Covid19, positionnées au RDC dans les anciennes consultations externes. pic.twitter.com/Q9wkCHHEFX
— CHU DE LA GUADELOUPE (@Chu_Gpe) September 1, 2020
20 patients en réanimation au 7 septembre
Alors qu'habituellement le service de réanimation du CHU de la Guadeloupe est doté 20 lits, il accueille aujourd'hui 39 patients : 19 patients "non covid" et 20 patients covid. Le service des urgences a été dédoublé, en zone Covid et non covid.
Des opérations chirurgicales déprogrammées, des chirurgiens inquiets pour leurs patients en attente
Le CHU a dû déprogrammer des opérations chirurgicales et est passé de 5 salles opératoires à 2 salles d'anesthésie générale et une salle pour les opérations plus légères, pour redéployer des ressources anesthésiques.Ces nouveaux reports d'intervention font légitimement craindre aux chirurgiens une aggravation de l'état de leurs patients en attente.
"Nous craignons à court terme la saturation de notre système"
Le système est au bord de la saturation, alerte le directeur du CHU. Ces secteurs réclament en effet beaucoup de moyens humains.Les écoles et instituts de formation ont dû être mobilisés, les internes ont été redéployés pour renforcer la couverture médicale. Les agents en congés ont été rappelés et certain départ en congés reportés. Tout le personnel est sur le pont hormis ceux qui sont contaminés. Ils représentent une cinquantaine au total.
La prise en charge des patients "covid" se fait désormais au détriment de celle des patients "non covid"
8 lits supplémentaires viennent certes d’être armés en réanimation mardi dernier. Mais le plafond du niveau de réorganisation interne que l’établissement en enclenché le 23 Aout dernier est désormais atteint.
Ecoutez Bruno Jarrige, vice-président de la Commission médicale d'établissement (CME), et directeur Médical de la Crise COVID au CHU de la Guadeloupe.
Renforts de la réserve sanitaire, lits supplémentaires dans les hôpitaux et centre sociaux, transferts rapides de patients intubés vers d'autres territoires : les propositions de Gérard Cotellon
Selon Gérard Cotellon, l'établissement arrive au terme de sa capacité de réorganisation interne par ses seuls moyens. Le directeur du CHU appelle à l'aide les autres établissements de santé et les établissement sociaux et médico-sociaux pour accueillir les patients.
Dans son courrier, le directeur du CHU indique avoir évoqué de manière répétée en conférence hebdomadaire de crise ARS les besoins dont il énumére la liste :
- l'octroi de renfort de la réserve sanitaire (...) pour armer 8 lits de réanimation supplémentaires dans l'ancien self de l'établissement;
- l'activation immédiate de lits fléchés de "SSR non covid" dans les établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux du territoire (notamment pour les malades relevant de la neuro-chirurgie) et de lits fléchés de "SSR post covid".
- La réactivation, au sein de l'ARS d'une cellule facilitant le transfert des patients du CHU vers les SSR "afin de dégager du temps médical précieux dans ce contexte"
- Des lits de réanimation "non covid" au Centre hospitalier de Basse-Terre (CHBT) pour compenser la perte de capacité habituelle pour les patients réanimatoires non covid : le nombre de lit de réanimation est pour les patients "non covid" est passé de 30 à 19 lit de soins critiques, "soit une perte de 11 lits, obérant très sérieusement la prise en charge de patients graves".
- Une réponse stratégique au niveau "ARS de zone" avec transfert rapide de patients notamment intubés et ventilés vers d'autres territoires, Martinique et Hexagone compris;
- des mesures préventives en matière de sécurité routière et de consommation d'alcool afin de limiter le risque d'accident et, mécaniquement, l'afflux de patients réanimatoire et la tension sur le CHU, devenue difficile à soutenir.
Ces mesures préfectorales [de prévention NDLR] ont déjà montré leur efficacité, et leur reprise serait opportune à très court terme
Voir le reportage de Sébastien Gilles et de Ludovic Gaydu
Dans un Tweet, Josette Borel Lincertin, présidente du Conseil départemental et du Conseil de surveillance du CHU, apporte son soutien à Gérard Cotellon. Elle demande au gouvernement de doter le CHU de la Guadeloupe des moyens nécessaires "pour affronter cette vague"
Afflux de patients #COVID19 au @Chu_Gpe : j’en appelle au @gouvernementFR pour que les moyens nécessaires soient déployés en #Guadeloupe pour affronter cette vague. J’en appelle à notre responsabilité collective pour respecter les gestes barrières et à la prudence sur les routes. pic.twitter.com/tNAcQBrFGz
— J BOREL-LINCERTIN (@JBorelLincertin) September 10, 2020
Lire ici le communiqué de Josette Borel Lincertin, la présidente du Conseil départemental.
Communiqué Josette Borel Lincertin situation du CHU Covid 19
L'UGTG au diapason, la communauté médicale fait bloc
C'est toute la communauté médicale du CHU qui semble au diapason et faire bloc. L'UTS-UGTG a réuni hier une conférence de presse au siège du syndicat afin de faire un point sur la situation sanitaire en Guadeloupe.
Le syndicat dénonce la gestion de la Crise Covid par les autorités sanitaires et réclame de "vraies " mesures. Parmi elles, l'organisation syndicale demande que le préfet et l'ARS déclenchent le Plan blanc élargi. Ecoutez Christine Marathon, interrogée par Alex Robin et Daniel Quérin.
A l'instar du directeur de l'établissement hospitalier, Gérard Cotellon, pour le syndicat, la situation au CHU est préoccupante. L'UTS-UGTG évoque
un véritable scandale sanitaire, politique et administratif
Le syndicat dénonce depuis plusieurs semaines l'état du système de santé et l’offre de soins (médecine de ville, médecine à domicile, médecine hospitalière, éducation et prévention santé).
Il appelle la population à une prise de conscience. Gaby Clavier, secrétaire de section UTS-UGTG, répond à Chantal Horn.
Valérie Denux, la directrice de l'ARS, est l'invitée du journal télévisé de Guadeloupe La 1ère, ce soir à 19h30.
Qu'est-ce que les SSR?
Les SSR sont les activités de Soins de Suite et de Réadaptation. Activités axées sur le retour du patient vers son lieu de vie ou de travail. Il s'agit d'activité de soins médicaux, curatifs et palliatifs, de la rééducation et la réadaptation, des actions de prévention et d'éducation thérapeutique, et la préparation et l'accompagnement à la réinsertion familiale, sociale, scolaire ou au travail