La sénatrice aborigène Lidia Thorpe a interpellé, le lundi 21 octobre, le roi Charles III lors de sa visite au Parlement australien, en criant des slogans anticoloniaux. "Rendez-nous nos terres, rendez-nous ce que vous nous avez volé !", a crié la parlementaire dans une diatribe d'environ une minute, après un discours du roi, âgé de 75 ans, face aux élus et aux responsables du pays.
Lors de sa première sortie officielle en Australie, le dimanche 20 octobre, devant l'église anglicane de Saint-Thomas, à Sydney, quelques manifestants ont brandi des pancartes en faveur de la décolonisation.
Plus d'un siècle de colonisation britannique
La sénatrice indépendante, revêtue d'une cape en fourrure, a dénoncé ce qu'elle a qualifié de génocide des indigènes australiens à l'époque de la colonisation européenne de l'Australie. Le pays a été une colonie britannique pendant plus d'un siècle, au cours duquel des milliers d'Australiens aborigènes ont été tués et des communautés entières déplacées.
Le pays a acquis une indépendance de fait en 1901, mais n'est jamais devenu une république à part entière. Le roi Charles reste chef de l'État. Depuis le 18 octobre, il effectue une visite de neuf jours en Australie et aux Samoa, sa première grande tournée à l'étranger depuis l'annonce de son cancer, en début de l'année.
Des référendums qui n'ont rien changé
Mme Thorpe est connue pour ses coups d'éclat politiques et son opposition farouche à la monarchie. Lorsqu'elle a prêté serment en 2022, elle a levé le poing droit en jurant, à contrecœur, de servir la reine Elizabeth II, alors chef d'État de l'Australie. "Je jure solennellement et sincèrement que je serai fidèle et que je porterai une véritable allégeance à la colonisatrice Sa Majesté la reine Elizabeth II", a-t-elle déclaré avant d'être réprimandée. "Sénatrice Thorpe, vous devez réciter le serment tel qu'il est imprimé", avait alors observé la présidente de la chambre, Sue Lines.
L'Australie a rejeté par référendum en 1999 un changement de Constitution pour devenir une République. Aucune réforme en ce sens n'est plus à l'ordre du jour. En 2023, les Australiens ont rejeté par un autre référendum des mesures visant à reconnaître le peuple aborigène dans la Constitution et à créer une assemblée consultative autochtone.