Législatives 2024 : alliances, commissions, dossiers... Les députés élus reviennent sur leurs objectifs

3 députés de la Polynésie française
Moerani Frébault, Nicole Sanquer et Mereana Reid Arbelot représenteront les Polynésiens à l'Assemblée nationale. Deux des trois sièges de députés de la Polynésie reviennent aux autonomistes. Les trois députés étaient, ce dimanche 7 juillet, les invités du journal télévisé de Polynésie la 1ère. Alliance, commissions, dossiers... Les élus sont revenus sur les différents sujets avant leur départ pour l'Hexagone

Dans la circonscription 2, la candidate Amui Tatou Nicole Sanquer a recueilli un peu plus de 17 800 bulletins de vote, soit un peu plus de 55% des suffrages. Elle a largement battu le député indépendantiste sortant, Steve Chailloux avec plus de 3600 voix d'écart. Ce sera le 2ème mandat de député de Nicole Sanquer, après celui exercé entre 2017 et 2022.

Maruki Dury : Aujourd’hui, vous êtes représentante à l’Assemblée de Polynésie et donc députée à l’Assemblée nationale. Vous avez deux mandats, allez-vous les exercer tous les deux efficacement ?

Nicole Sanquer : "Oui. Dans mon premier mandat de député, j'étais aussi représentante à l'assemblée que député, il y a une continuité dans le travail parlementaire, et notamment dans les dossiers que l'on doit porter à Paris. On peut accompagner le gouvernement dans la négociation des conventions ou accompagner les Polynésiens dans les différents dossiers qui ont à faire avec Paris". 

Maruki Dury : Vous êtes donc prête à travailler avec le gouvernement Brotherson pour certains dossiers ? 

Nicole Sanquer : "Oui, nous sommes aujourd'hui élus député pour tous les Polynésiens et il est clair que nous souhaitons travailler avec le gouvernement Brotherson tout comme avec notre collègue Mereana Reid-Arbelot parce qu'il y a des dossiers qui concernent notre Pays et il y a des dossiers qui concernent les Polynésiens en général". 

Maruki Dury : Vous êtes non-inscrite à l'Assemblée de Polynésie, après cette union des autonomistes, pour ces législatives anticipées, est-ce que vous réfléchissez à intégrer le groupe Tapura ? 

Nicole Sanquer : "Non, nous n'avons pas réfléchi à cela parce que nous sommes aussi pour la pluralité politique. A Here Ia Porinetia avait un programme en 2023, il a été élu sur ce programme. Nous avons 5 ans pour introduire les mesures que nous prenons dans ce programme. Des mesures qui concernent aussi bien l'Assemblée de Polynésie que l'Assemblée nationale avec des modifications de notre statut. Nous respectons nos engagements que nous avons pris en 2023". 

Maruki Dury : Donc, concrètement, vous n'allez pas sceller vraiment cette coalition autonomiste définitivement ? 

Nicole Sanquer : "Amui Tatou est un rassemblement des partis autonomistes. Il s'agissait d'un protocole d'accord pour les législatives. Nous savons que les prochaines échéances sont les élections municipales. Nous avons vu des équipes travailler ensemble pendant cette élection. Dans certaines communes, je suis sûre qu'Amui Tatou sera poursuivi ". 

Maruki Dury : Pascale Haïti Flosse a perdu, est-ce que pour vous un autre choix aurait pu faire la différence ? On pense notamment à Nuihau Laurey

Nicole Sanquer : "Non je ne pense pas. Dans ce rassemblement des autonomistes, c'était un engagement d'avoir un seul candidat autonomiste par circonscription. Nous les autres partis, nous n'avions pas à commenter le choix du parti (...) Il ne fallait pas se concurrencer sur les circonscriptions et nous n'avons pas contesté le choix d'Amuitahiraa de mettre Pascale Haïti." 

Maruki Dury :  Lorsqu’un candidat est élu, notamment au palais Bourbon, il verse une cotisation à son parti politique. Est-ce que vos cotisations iront à A Here Ia Porinetia et rien pour les autres partis ?

Nicole Sanquer : "Comme je suis sur la circonscription 2, A Here Ia Porinetia a pris en charge tout le financement de la campagne sur cette circonscription. Il faut savoir qu'une fois que les élections sont terminées, il y a deux dotations qui sont versées par l'État aux partis politiques. Une première dotation fixe, c'est si le député élu ou pas. Il y a une autre dotation qui est variable et qui est en fonction du nombre de voix. Il y a un forfait. Quoi qu’il en soit, les trois partis toucheront une dotation."

Maruki Dury : Vous allez siéger auprès de qui au palais Bourbon ? 

Nicole Sanquer : "Siéger dans un petit groupe a beaucoup d'avantages, notamment de garder sa liberté de vote, d'avoir beaucoup plus de temps de parole, d'avoir aussi le choix des commissions et pouvoir mieux défendre finalement les projets polynésiens". 

Maruki Dury : Le 19 juillet, les commissions permanentes vont être composées. Est-ce que vous avez une idée d'une commission permanente où vous voulez siéger ? 

Nicole Sanquer : "Oui, la commission des affaires sociales et santé pour défendre les dossiers concernant les prochaines conventions État-Pays santé et pourquoi pas la convention État-Pays sur la solidarité. C'est à l'intérieur de cette convention aussi que nous pouvons traiter toutes les questions de retraite des fonctionnaires." 

Dans la 3è circonscription Mereana Reid-Arbelot a conservé son siège de député mais de justesse avec 50,87% des suffrages, contre 49,13% pour Pascale Haiti-Flosse. À peine 600 voix d'écart entre les deux candidates. 

Maruki Dury : Mereana Reid Arbelot, vous êtes donc reconduite dans vos fonctions de députée. Cela dit, ce n’est pas le même contexte. En 2022, vous aviez été élue suppléante, puis vous êtes devenue députée après l’arrivée de Moetai Brotherson aux affaires du Pays. Est-ce que votre élection dans la circonscription 3 vous conforte dans votre motivation à faire de la politique ?

Mereana Reid-Arbelot : "C'est vrai que porter une liste en tant que tête de liste c'est tout à fait différent. On a plus le poids des responsabilités que quand on est suppléant. C’est-à-dire que le mandat s'il est gagné j'y vais de suite alors que lorsqu'on est suppléant il y a une espèce de distance qui se met entre le mandat et la personne. Donc, oui, j'avais ce sentiment de responsabilité et surtout de mener la campagne dignement."

Maruki Dury : Vous avez qu'un seul mandat celui de député, vous n'êtes pas à l'Assemblée de Polynésie comme Nicole Sanquer. Est-ce que vous allez vous installer à Paris plus longuement pendant l'année ? 

Mereana Reid-Arbelot : "Je vais faire comme je l'ai fait pendant un an. Cela m'est arrivé de rester deux mois sur place, une autre fois un mois, le plus court a été quinze jours, mais c'est en fonction des dossiers, des réunions en commissions, des séances aussi. Je n'ai pas un rythme régulier, c'est en fonction de l'actualité."

Maruki Dury : Vous êtes la seule députée indépendantiste à avoir conservé votre siège. Steve Chailloux et Tematai Legayic ont perdu. Qu’est ce qui a pesé d’après vous dans le vote sanction contre vos collègues déjà, et sur votre victoire ?

Mereana Reid-Arbelot : "Quand on analyse tous les chiffres de manière globale, on est le seul parti à être parti tout seul, nous nous sommes pas alliés ou associés à un autre parti. Donc, sur les trois circonscriptions, nous sommes assez fiers de nos résultats. Cela ne s'est pas transformé dans les deux premières circonscriptions. Dans la mienne, cela s'est transformé à très peu de voix mais elles ont été suffisantes pour remporter cette circonscription."

Maruki Dury : Vous avez gagné dans les trois communes de Raiatea, est-ce que vous saviez que cela allait se jouer dans ces communes ? 

Mereana Reid-Arbelot : "Je savais que j'allais faire un bon score puisque c'est mon île et archipel d'origine (...) Je me doutais que j'allais faire un bon score aux Raromatai. Je suis très fière d'eux". 

Maruki Dury : Vous siégiez auparavant au GDR, vous êtes davantage de gauche, est-ce que vous avez une idée du groupe où vous allez siéger ? 

Mereana Reid-Arbelot : "Si le GDR peut se reformer, ça sera au GDR. Pour l'instant, nous attendons encore comment vont se passez ces prochaines jours. Dès que je rentre à Paris, lundi, je verrais avec eux. 

Maruki Dury : Est-ce que vous LFI (La France Insoumise), c'est non ? 

Mereana Reid-Arbelot : "Ça ne sera pas LFI mais on arrive au GDR à travailler avec LFI"

Maruki Dury : Si tous les trois vous ne siégez pas dans le même groupe, comment est-ce que vous pouvez porter la voix et les intérêts des Polynésiens ensemble ?  

Mereana Reid-Arbelot : "Je pense que c'est plus un atout. Sur certains dossiers, on a travaillé avec les Outre-mer dans le groupe LIOT par exemple où Nicole Sanquer siégeait. Quand on avait des problématiques ultramarines communes, il n'y avait pas ce côté partisan, on défendait les dossiers ensemble. On a signé pas mal de propositions de loi avec d'autres groupes, ça se fait beaucoup."

Maruki Dury : Le 19 juillet, les commissions permanentes vont être composées. Vous allez rester aux affaires étrangères ? 

Mereana Reid-Arbelot : "J'aimais beaucoup cette commission. Ce qui est possible aussi est de pouvoir migrer en fonction de l'actualité et des textes proposés dans d'autres commissions. J'ai siégé au développement durable à un moment, aux affaires sociales... Donc, le développement durable me tente bien."

Maruki Dury : Qu'en est-il de cette commission d’enquête relative à la politique française d’expérimentation nucléaire en Polynésie. Est-ce que vous serez en mesure de poursuivre votre mission dans cette commission d’enquête ?

Mereana Reid-Arbelot : "Je tiens à ce qu'elle reprenne. Nous sommes dans une situation inédite, celle d'une dissolution, donc rien n'est certain. Un sujet ne peut plus être repris en commission d'enquête pendant un an, mais cela est dans le cadre normal d'un déroulement d'une législature et là nous sommes dans le cadre d'une dissolution. Dès que je rentre à Paris, je me penche sur la question pour voir si on ne peut pas tout de suite reprendre cette commission d'enquête.". 

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Moerani Frébault a été le premier député élu dès le premier tour des législatives. Ce Marquisien, le premier à siéger à l’Assemblée nationale, a battu (53,85%) le député indépendantiste sortant Tematai Le Gayic, qui avait été élu à 21 ans et quitte donc le Palais Bourbon à 23 ans.

Maruki Dury : Vous avez fait campagne aux côtés de Naumi Mihuraa lors des Européennes. Pour le second tour des législatives, elle n’a pas appelé à voter pour Pascale Haïti-Flosse. Au final, cela se joue à 600 voix dont plusieurs centaines aux Îles Sous-le-Vent. Est-ce que vous regrettez ce choix et surtout ce divorce entre l’électorat des Tetuanui à Raiatea et le Tapura Huiraatira ?

Moerani Frébault : "C'est sûr que c'était un petit peu dommage. Si Amui Tatou avait fonctionné dans la 3ème comme dans la 1ère et la 2ème, on aurait remporté cette circonscription et les chiffres en témoignent. 

Maruki Dury : C'est ce qui vous a fait perdre la circonscription 3 ?

Moerani Frébault : "C'est une des raisons. Ensuite, nous avons aussi le fait que Mereana Reid-Arbelot soit originaire des Raromatai, cela pèse dans la balance. Mais, je pense tout de même que sur la circonscription 3, nous avons obtenu un excellent score que peu de gens nous auraient donné. On félicite Pascale Haïti Flosse pour son implication dans cette campagne. NOus avons nous-même tout tenté pour venir en soutien, que ce soit en déplacement aux Raromatai, dans les quartiers, lors du porte à porte avec les commerçants. On s'est vraiment investis, je pense qu'on peut être fier du score, il nous a manqué peu pour pouvoir faire le grand chelem".

Maruki Dury : Vous avez fait campagne pour les Européennes pour Valerie Hayer du camps macronistes, allez vous siéger dans le groupe Ensemble ? 

Moerani Frébault : "Dès ce soir, je vais à l'aéroport pour pouvoir rencontrer un peu en avance les présidents de groupe et de partis pour échanger avec eux et voir avec lesquels seront les plus à même de porter les projets pour la Polynésie. Du centre à la droite, on va rester incontournable pour faire passer les différents projets de texte. Le Nouveau Front Populaire ou le Rassemblement national sont incapables d'obtenir seul la majorité absolue, donc notre avis va forcément compter. On compte bien sur cette position pivot pour faire avancer nos dossiers pour l'Outre-mer en général et la Polynésie en particulier". 

Maruki Dury : Le 19 juillet, les commissions permanentes vont être composées. Est-ce que vous avez une idée d'une commission permanente où vous voulez siéger ? 

Moerani Frébault : "Cela participe à une stratégie, une dynamique d'ensemble. On voit avec Nicole et nos deux sénateurs pour travailler de la manière la plus efficace possible. De par ma formation, je suis plus attiré par la commission des lois, ensuite on verra les propositions qui seront faites via les groupes. Mais l'essentiel est que nous soyons chacun à des postes stratégiques qui nous permettront de faire avancer les dossiers dans nos commissions respectives".