Législatives en Polynésie 2024 : dans la circonscription 3, deux femmes pour un siège

Mereana Reid Arbelot, candidate Tavini, et Pascale Haiti, candidate Amui Tatou, dans la circonscription 3
C’est un duel de femmes qui se joue dans la circonscription 3. Avec 69 028 électeurs, les enjeux sont importants. L’une des candidates est une députée sortante, l’autre brigue pour la première fois une mandature au palais Bourbon. Ce samedi 6 juillet, dernier tour de cette élection express, elles ont fait le tour des bureaux de vote. Ne pas se faire oublier, se montrer auprès des électeurs sans propagande. Reportage.

Robe bleu marine aux imprimés de fleurs blanches, elle arpente les bureaux de vote de sa circonscription. « Que la force soit avec vous », lance un électeur croisé dans des couloirs de la mairie de Punaauia. Mereana Reid-Arbelot fait sa tournée, elle passe dans les 24 bureaux de cette commune après avoir ouvert les bureaux de vote à Raiatea puis voté à Faa’a.

Mereana Reid-Arbelot, députée sortante et candidate Tavini pour la circonscription 3, fait la tournée des bureaux de vote à Punaauia

Sourire aux lèvres, un trait plutôt constant chez la candidate Tavini, elle interroge les assesseurs. « Vous allez bien ? Ce n’est pas trop dur ? Bon courage pour cette longue journée ». Quelques mots échangés, des paroles d’encouragement pour les équipes qui travaillent ce jour d’élection. « D’une certaine manière, ils sont là un peu pour nous, je tiens donc à les soutenir », confie la députée sortante qui se dit sereine au vu de la soirée électorale. Sereine non pas parce qu’elle se dit sûre de gagner mais parce qu’elle estime avoir parlé vrai, avoir fait de son mieux durant cette campagne express.

« Maintenant c'est entre les mains des électeurs, quelque soit le  résultat j’accepterai. J’ai donné le meilleur de moi-même et j’ai surtout voulu débattre sur des idées, sur le travail accompli et à faire. On va à l’assemblée nationale pour travailler ! ».

Mereana Reid-Arbelot - Tavini

C’est ce qu’attendent les électeurs, justement. Le travail, la concrétisation des promesses tenues. « J'attends qu'ils respectent ce qu'ils disent. Ce soir, j'attends que le parti élu écoute la population et travaille pour la population. », lance Raina qui sort tout juste d'un des bureaux de vote. La jeune femme n’a pas voulu confier pour qui elle avait voté mais elle raconte avoir changé son vote pour ce deuxième tour. La raison ? L’un des derniers débats télévisés où elle a été déçue par sa candidate du premier tour. Alors, elle est partie dans l’autre camp. Au départ, elle ne voulait même pas voter mais ces élections ont fait débat chez ses collègues de travail, la trentenaire s’est donc décidée : « si je veux donner mon point de vue, je dois voter ».

Un des bureaux de vote à Punaauia, samedi 6 juillet

À quelques pas de là, une matahiaop sur son 31. Robe noire, fleur et perles à l’oreille, collier de auti, Corinne est très apprêtée pour ce jour spécial où elle espère que sa candidate va remporter le scrutin. « Je veux que les bleus gagnent. Avant je votais orange, mais rien n’a changé alors je suis allée voir ailleurs. Mereana, pour moi, elle suit son programme et parle vrai, je crois en elle ! », explique cette quinquagénaire qui souhaite surtout que la députée travaille sur le foncier et les évasans. Deux sujets qui la préoccupent au quotidien, son mari étant gravement malade.

Pascale Haïti, candidate Amui Tatou pour la circonscription 3, dans les bureaux de vote de Faa'a, samedi 6 juillet

À quelques kilomètres de là, à Vaitpua à Faa'a, l’ambiance est plutôt calme. C’est le milieu d’après-midi, les électeurs reviennent au compte goûte. Ils sont accueillis par une haie d’honneur aux deux couleurs, celle des deux camps, les bleus et les roses. Mais chacun est de son côté. À droite de l’entrée des bureaux de vote de Vaitupa, Pascale Haïti assise sur une des chaises. Elle est fatiguée et a mal aux pieds à force de piétiner et rester debout. Il faut dire qu’elle a commencé sa journée à l’aube en partageant un café avec les militants puis a débuté la tournée des bureaux de vote à Faa’a et Punaauia.

Un des bureaux de vote de Faa'a, samedi 6 juillet

 

Mais surtout, depuis trois jours, elle dort à l’hôpital à côté de son mari, Gaston Flosse, qui s’est fait poser un pacemaker. Malgré les cernes, celle qui fêtera son premier anniversaire de  mariage lundi tient le coup et reste disponible pour les électeurs qui n’hésitent à l’interpeller. « Tu as été bonne dans les débats, tu les as bien remis à leur place », lance en marquisien l’une des votantes. Pascale Haïti sourit, elle a hérité du caractère bien trempé de son mari et de sa détermination. Elle a fait du porte à porte pendant toute cette campagne. 

« J’adore ça, c’est mon avantage peut-être. On ne règle pas tous les problèmes mais on les comprend mieux. Quand on est en campagne, on est là pour parler du programme et pas des dossiers »

Pascale Haïti - Amui Tatou

Forte de ses décennies d’expérience en politique dont 23 ans passés au sein de l’assemblée de Polynésie, elle a d’ailleurs réussi à conquérir le cœur des fidèles de son mari, Gaston Flosse. Vahinerii a 37 ans et elle est fiu. Debout au bord du lagon de Vaitupa, non loin des bureaux de vote, elle  confie : « Moi, je veux Flosse, je suis trop déçue par le Tavini ». La trentenaire a voté aux dernières législatives et aux territoriales pour les bleus mais à force de déception elle est passée dans l’autre camp. « Quand j’ai vu que les autonomistes se regrouper, je me suis dit : ah enfin, ils vont pouvoir avancer ensemble. ». Sa soeur, Tia, elle, a voté blanc. À 33 ans, elle ne fait plus confiance aux politiques. Trop déçue, dit-elle.

Un des bureaux de vote de Faa'a, samedi 6 juillet

 

Quelques pas plus loin, trois amis assis sur un rocher. Ils sont là depuis plus de deux heures. Ils discutent, ils commentent, ils rient. Jacqueline, Imelda et Gérard attendent l’arrivée de Moetai Brotherson, le président du Pays. Les trois sont des fidèles du Tavini. « C’est de famille, on a toujours voté bleus et puis on aime notre tavana, c’est comme ça ! », s’amuse Jacqueline qui souhaite que la députée sortante poursuive son travail à l’Assemblée nationale. Elle et ses comparses sont convaincus que les bleus passeront dans la circonscription 3.