Législatives en Polynésie 2024 : "Notre campagne de l'alliance a pris corps" déclare Moerani Frébault

Plus que quelques minutes avant les résultats. Dans les bureaux de vote de l’école Mamao, les petites mains s’affairent. L’heure est au dépouillement. Dans la cour, quelques électeurs impatients d’avoir les résultats. L’ambiance est plutôt calme, quelques notes d’ukulélé résonnent mais on est loin des festivités de l’élection des Territoriales, l’année dernière. « J’ai voté pour la jeunesse car c’est l’avenir, ce sont eux qui reprennent le flambeau », confie Here, assise sur un banc aux côtés de sa filleule de 5 ans. Elle a voté pour Tematai Le Gayic, conquise par son dynamisme.

Non loin, Nancy, 52 ans, une électrice fidèle qui n’a jamais raté un scrutin. Elle est une aussi une fidèle du Tavini, un héritage familial. « Je suis sûre qu'il va passer, je n’ai pas peur. Je suis confiante même si impatiente ». Le candidat n’est d’ailleurs pas très loin. Chapeau sur la tête, colliers autour du cou, le jeune politique de 23 ans est à l’ombre des regards, en compagnie de ses proches et conseillers.

« En face de nous, nous avons une union de trois partis contre un seul. L’objectif est de talonner le résultat. Et en fonction, on se voit demain avec les équipes pour donner le mot d’ordre et définir la stratégie »

Tematai Le Gayic

Le député sortant attend, le visage crispé malgré quelques sourires, les résultats de la circonscription 1. Il faut dire que son plus grand adversaire est en tête, sa jeunesse et son sérieux ont conquis plus d’un électeur. « Je préfère Moerani Frébault aux anciens. C’est un jeune, ça va changer », espère Tekohu 31 ans alors qu’il attend patiemment sa femme en train de dépouiller les bulletins de vote. Raita, elle, est plutôt une fidèle de Gaston Flosse, elle voit l’alliance des autonomistes d’un bon œil. « On va voir ce qu'ils vont faire pour le pays, cette union ne me dérange pas tant qu'ils gagnent ».

À quelques kilomètres de là, à l’école de Pirae, les électeurs se comptent sur les doigts d’une main. La nuit est tombée, les bureaux ont fermé depuis une heure. Tout le monde est concentré sur le dépouillement. Mais certains votants attendent impatiemment le résultat. Louis est un partisan du Tapura, lui, c’est Edouard Fritch et personne d’autre. Si son leader décide que l’union est une bonne chose, le quinquagénaire lui fait confiance. « Cette union c’est important si on veut battre les indépendantistes. Je ne connais pas Moerani et j'attends de voir ce qu'il va faire pour la Polynésie, moi j'ai confiance en Edouard ».

Vaihere, elle, a voté bleu aux Territoriales. Elle a longtemps été pour les autonomistes mais déçue par leurs années au pouvoir, elle avait alors décidé de changer. Après deux ans de mandats des députés Tavini et un an de gouvernance Brotherson, elle est retournée à ses premiers amours. « Je ne suis pour personne en particulier dans cette alliance, j’ai voté Frébault car je veux du renouveau, les indépendantistes ne m’ont pas convaincue. J’ai donc décidé de donner sa chance au candidat d’Amui Tatou ».

Au fur et à mesure que les minutes filent, quelques résultats tombent. Dans une salle, Edouard Fritch rassemble ses troupes. Ils s’échangent les chiffres. Les Marquises se sont exprimés : Moerani Frébault est élu. Le sourire se lit sur les visages, l’émotion monte. « C’était le plus important pour moi, c’est mon fief. Je ne m’attendais pas à autant », confie le jeune candidat de 35 ans, les yeux rivés sur son portable où des résultats apparaissent. Édouard Fritch s’approche, l’excitation est palpable. Chapeau sur la tête, il tend son portable à Moreani Frébault : Papeete a voté pour lui, Pirae prend le même chemin.

« On voit bien que cet accord et cette réconciliation sont réelles, les chiffres parlent d'eux même ce soir. Notre campagne de l'alliance a pris corps, on est content que les électeurs aient compris notre message. Après les Législatives, on va continuer. ».

Moerani Frébault

Le temps passe, les résultats se précisent… On se murmure à l’oreille des chiffres, des regards heureux se forment et se rencontrent. « On a essuyé deux échecs successifs après avoir eu les affaires du Pays, on s’est posé beaucoup de questions, aujourd’hui l'espoir revient ! », lance Edouard Fritch, fier de son poulain. « Si le pacte a créé de l’espoir, ce regroupement va nous booster pour les prochaines échéances communales ou territoriales. C’est ensemble qu'on peut gagner pas chacun de son côté ». Alors qu’il y a un an, les Polynésiens vivaient une vague bleue avec les Territoriales, ce samedi soir, c’est une vague rose qui s’affiche sur les écrans. Joie, pleurs... Les réactions ne se font pas attendre. Moerani Frébault est élu au premier tour pour sa deuxième campagne après les Européennes. Un tour de force.