Les coutumiers réunis à Maré par Inaat ne Kanaky proclament la souveraineté de leurs chefferies sur leurs territoires

Le 24 septembre 2024, à Maré, lors de l'assemblée du peuple kanak tenue à La Roche, Karine Sinewami lit la déclaration unilatérale de souveraineté des chefferies sur leur territoire coutumier.
En ce 24 septembre 2024, 171 ans après la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France, le Conseil national des chefs Inaat ne Kanaky a proclamé la souveraineté des chefferies sur leurs territoires coutumiers. La déclaration a été faite à La Roche, sur l’île de Maré, durant l’assemblée du peuple kanak qui s’y déroule pendant trois jours.

Le document a été lu par Karine Sinewami. Ce matin du 24 septembre à Maré, l’épouse du grand chef de La Roche a énoncé la déclaration unilatérale de souveraineté des chefferies sur leurs territoires. Un moment fort qui s’est déroulé devant un parterre de coutumiers, mais aussi de dignitaires venus de la région Océanie : Maoris, Vanuatais, Fidjiens. Tous réunis pour l’assemblée du peuple kanak organisée durant trois jours en pays nengone.

Durant l'assemblée du peuple kanak, dans la grande chefferie de Gureshaba, à Maré, le 24 septembre 2024.

Le jour anniversaire de la prise de possession

Le principe de cette déclaration a été adopté en juillet dernier, durant l'assemblée générale tenue à Balade, sur la commune de Pouébo, par Inaat ne Kanaky. Mais dès février 2023, ce Conseil national des grands chefs décidait de "rappeler" à l’État "la souveraineté des chefferies sur leurs territoires coutumiers", estimant qu’elle a été "reniée et ignorée depuis 1853".

Et ainsi de "permettre la mise en place d’une autonomie de gouvernance des affaires de l’identité kanak, avec un accompagnement du peuple autochtone kanak dans son développement et son émancipation pour une durée d’une génération". Il entendait également "obtenir un espace dédié aux autorités et institutions coutumières dans les discussions sur l’avenir institutionnel".

Après une journée dédiée à l'accueil des délégations et avant les ateliers du mercredi, le mardi 24 septembre était notamment dédié à la déclaration unilatérale.

Ateliers

Pour l'instant, on ne sait pas encore de quelle manière l’autonomie de gouvernance pourrait être mise en place. Ce mercredi 25 septembre, des ateliers sont prévus pour réfléchir à son organisation. A ce stade, on ignore également en quoi consisterait l’accompagnement du peuple autochtone pendant une génération.

Quoi qu'il en soit, avant d'être proclamé ce mardi matin à La Roche, le document a été lu et signé par les chefs présents. Les huit aires coutumières étaient représentées. Une cérémonie solennelle presque intime : en préambule, il a été signalé que les représentants des institutions locales et de l'Etat n'ont pas répondu à l'invitation.

Le reportage de Thérèse Waïa et Laura Schintu. On y entend Hippolyte Sinewami-Htamumu, grand chef de La Roche ; Théodule Bouarat, grand chef de Hienghène ; et Joy Kalsakau, représentant de la chefferie Tenuku-Ifira, au vanuatu.

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Défendre la légitimité de l'autorité coutumière

Depuis sa création en 2022, le conseil des grands chefs défend la légitimité de l'autorité coutumière. Trois éléments majeurs constituent la souveraineté d'une chefferie :

  • un territoire, et donc un ancrage géographique.
  • une population structurée dans un réseau de relations organisées, au-dessus duquel se trouve le grand chef.
  • des alliances au-delà de ses limites foncières.

Voyez la synthèse de Thérèse Waïa et Gaël Detcheverry, dans laquelle intervient l’anthropologue Patrice Godin :

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