Le document a été lu par Karine Sinewami. Ce matin du 24 septembre à Maré, l’épouse du grand chef de La Roche a énoncé la déclaration unilatérale de souveraineté des chefferies sur leurs territoires. Un moment fort qui s’est déroulé devant un parterre de coutumiers, mais aussi de dignitaires venus de la région Océanie : Maoris, Vanuatais, Fidjiens. Tous réunis pour l’assemblée du peuple kanak organisée durant trois jours en pays nengone.
Le jour anniversaire de la prise de possession
Le principe de cette déclaration a été adopté en juillet dernier, durant l'assemblée générale tenue à Balade, sur la commune de Pouébo, par Inaat ne Kanaky. Mais dès février 2023, ce Conseil national des grands chefs décidait de "rappeler" à l’État "la souveraineté des chefferies sur leurs territoires coutumiers", estimant qu’elle a été "reniée et ignorée depuis 1853".
Et ainsi de "permettre la mise en place d’une autonomie de gouvernance des affaires de l’identité kanak, avec un accompagnement du peuple autochtone kanak dans son développement et son émancipation pour une durée d’une génération". Il entendait également "obtenir un espace dédié aux autorités et institutions coutumières dans les discussions sur l’avenir institutionnel".
Ateliers
Pour l'instant, on ne sait pas encore de quelle manière l’autonomie de gouvernance pourrait être mise en place. Ce mercredi 25 septembre, des ateliers sont prévus pour réfléchir à son organisation. A ce stade, on ignore également en quoi consisterait l’accompagnement du peuple autochtone pendant une génération.
Quoi qu'il en soit, avant d'être proclamé ce mardi matin à La Roche, le document a été lu et signé par les chefs présents. Les huit aires coutumières étaient représentées. Une cérémonie solennelle presque intime : en préambule, il a été signalé que les représentants des institutions locales et de l'Etat n'ont pas répondu à l'invitation.
Le reportage de Thérèse Waïa et Laura Schintu. On y entend Hippolyte Sinewami-Htamumu, grand chef de La Roche ; Théodule Bouarat, grand chef de Hienghène ; et Joy Kalsakau, représentant de la chefferie Tenuku-Ifira, au vanuatu.
Défendre la légitimité de l'autorité coutumière
Depuis sa création en 2022, le conseil des grands chefs défend la légitimité de l'autorité coutumière. Trois éléments majeurs constituent la souveraineté d'une chefferie :
- un territoire, et donc un ancrage géographique.
- une population structurée dans un réseau de relations organisées, au-dessus duquel se trouve le grand chef.
- des alliances au-delà de ses limites foncières.
Voyez la synthèse de Thérèse Waïa et Gaël Detcheverry, dans laquelle intervient l’anthropologue Patrice Godin :