Les femmes et l’emploi en Nouvelle-Calédonie, une évolution marquée mais des inégalités qui demeurent

En Nouvelle-Calédonie, les femmes représentent 47 % des emplois
Une étude de l’Isee fait le point sur l’évolution de la place des femmes dans le monde du travail en Nouvelle-Calédonie. Elle montre de nets progrès dans les dernières décennies, même si des écarts restent à combler.

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, l’Isee a publié ce 8 mars une étude sur la féminisation de l’emploi en Nouvelle-Calédonie et les mutations sociales. Elle revient sur plusieurs décennies d'évolution. 

47 % des emplois

Les femmes sont de plus en plus présentes sur le marché du travail. Elles occupent en Nouvelle-Calédonie près de la moitié des emplois. Contre moins de 40% il y a trente ans. Et huit fois plus qu’en 1956.

La place des femmes dans les emplois en Nouvelle-Calédonie

Des filles de plus en plus diplômées

La première explication à cette hausse, c’est l’accès aux études qui s’est davantage ouvert aux filles au fil du temps. 
Des filles qui sont meilleures à l’école que les garçons, dans toutes les matières. 76 % des filles d’une classe d’âge obtiennent leur baccalauréat contre 60 % des garçons. 
Elles poursuivent également plus souvent leurs études après le bac. Six étudiants sur dix sont des femmes en 2022. En trente ans, le nombre de Calédoniennes diplômées de l’enseignement supérieur a été multiplié par douze.

Les femmes plus souvent diplômées que les hommes en Nouvelle-Calédonie

Une mutation sociale dans les familles

Cette augmentation de la part féminine dans le monde du travail a des conséquences sur la société calédonienne. Dans la majorité des foyers, les deux conjoints ont désormais une activité professionnelle. Et les études ou les activités professionnelles poussent également les jeunes à se marier plus tard et à faire des enfants plus tard.
Ainsi, l’âge moyen au mariage est passé entre 2005 et 2022 de 33 à 38 ans. Pareil pour l’âge de la maternité. En 2022, pour la première fois, l’âge moyen des femmes à l’accouchement est passé au-dessus de la barre des 30 ans, soit trois ans et demi plus tard qu’en 1980.
Une baisse de la fécondité est aussi enregistrée, avec 2 enfants par femme depuis 2017, soit en dessous du seuil de renouvellement des générations qui est fixé à 2,1 enfants par femme. 

Des inégalités qui demeurent

Même si les femmes se sont fait sur place sur le marché du travail, il n’en demeure pas moins que des inégalités persistent.
Au sein du couple tout d’abord. Les femmes renoncent plus souvent que les hommes à exercer une activité professionnelle pour rester femme au foyer, elles étaient 22 % en 2019. Les hommes au foyer sont beaucoup plus rares, ils ne représentaient à la même date que 4 % des hommes mariés. 
Les femmes sont également encore sous-représentées dans les postes d’encadrement. Si leur présence à ce niveau a plus que doublé en trente ans, elle reste en deçà de celle des hommes.  
Et puis il y encore des emplois genrés. Aux hommes les emplois d’ouvriers, l’industrie et la construction, aux femmes  les employées de bureau et les services. 
À noter également que les femmes sont plus concernées par les emplois à temps partiel, 21 % des femmes contre 6% des hommes, et que cette décision est subie dans 60 % des cas. 

Le problème des salaires

Si les femmes sont plus diplômées que les hommes, elles gagnent en moyenne moins bien leur vie qu’eux. Les Calédoniennes sont payées 8,9 % de moins que les hommes. 
Et les inégalités salariales s’accentuent au fil de la carrière, notamment parce que les femmes retardent leur progression à chaque naissance, ne travaillent pas dans les mêmes secteurs d’activité et accèdent à des postes moins élevés. 

Des inégalités de salaires hommes/femmes en Nouvelle-Calédonie

Des inégalités aussi entre femmes

L’étude de l’Isee montre aussi que toutes les femmes ne sont pas égales face à l’emploi suivant leur lieu de vie ou leur communauté d’appartenance. 
En province Sud, 61 % des femmes occupent un emploi contre 45 % dans le Nord et 38 % aux Îles. À noter que si l’emploi des femmes reste le plus faible de Calédonie aux Loyauté, le taux d’emploi y a beaucoup plus progressé en trente ans que dans le Nord, +13 points contre +8 points dans le Nord (et + 17 points dans le Sud).
Les femmes dont le taux d’emploi est le plus élevé sont celles d’origines européenne et asiatique. A l’inverse, celles qui travaillent le moins avec un emploi rémunéré sont les femmes Kanak. Mais elles exercent souvent des activités non-rémunérées mais bien réelles, comme s’occuper d’enfants ou d’un proche. Des activités qui échappent aux statistiques. 

Des inégalités entre femmes face à l'emploi en Nouvelle-Calédonie