Maroni : gérer les poubelles du fleuve, le défi de la communauté de communes de l’ouest guyanais

Arrivée de la presse à balles par pirogue à Papaïchton
La CCOG gère un territoire de plus de 40 000 km2. Cela représente près de la moitié des terres guyanaises, réparties sur 8 communes dont celles du fleuve frontière, le Maroni entre la Guyane et le Suriname. Une de ses compétences obligatoires est la gestion des déchets. Un enjeu pour la préservation du territoire et un véritable défi logistique et financier pour la communauté de communes de l’ouest guyanais.

Sur les berges de Papaïchton, sous une pluie battante, un engin de 15 tonnes, porté par 2 pirogues accoste sur la rive. C’est une presse à balles. Un équipement permettant de compresser les déchets et de les emballer dans du plastique pour ne plus avoir de décharge à ciel ouvert sur la commune du Maroni.

Arrivée d'une machine trnsportée via le fleuve ©Jocelyne Helgouach

Cette presse à balles, le maire de la commune et élu de la CCOG, Jules Deie l’attendait depuis des années. 

Jules Deie, maire de Papaïchton et élu de la CCOG

« Aujourd’hui, nous avons cette presse à balles qui permettra de mettre les déchets en balle mais en même temps, il faut aussi regarder du côté du tri. C’est un travail de longue haleine, cela fait déjà plusieurs années que nous parlons de ces dépôts de déchets sauvages. La CCOG a investi depuis 2 ans pour mettre les choses aux normes. »

Acheminer par le fleuve un mode de transport coûteux

Sur le Maroni, tout arrive par le fleuve, engendrant des coûts financiers très importants pour chaque opération. L’acheminement de cette presse à balles à Papaïchton a coûté 100 000 euros à la communauté de communes de l’ouest guyanais et les investissements à venir sont énormes.

La gestion des déchets représente un tiers des dépenses de la CCOG. La présidente de la CCOG, Sophie Charles reconnaît que le retard accumulé sur le Maroni va être très difficile à rattraper.
« C’est une compétence obligatoire et nous devons y répondre mais aujourd’hui c’est très compliqué. Nous avons les contraintes du territoire pour amener sur le territoire mais aussi construire les équipements nécessaires. Il y a donc ce surcoût dû à l’enclavement du territoire. Cela représente un tiers du fonctionnement de la CCOG et dans l’investissement, c’est énorme ! Nous avons identifié 87 millions d’euros uniquement sur les déchets en investissement. On essaye de rattraper le temps perdu mas c’est extrêmement compliqué et pas forcément faisable. »

Le casse-tête du financement de ce service public obligatoire

Le coût de l’enlèvement des ordures devrait être compensé par les impôts locaux. À ce jour, les taxes ne représentent qu’un tiers des dépenses. Le maire de Mana, Albéric Benth, élu de la CCOG milite pour que tous les citoyens cotisent pour la gestion de leurs poubelles.

Albéric Benth, maire de Mana

« Ce sont les mêmes qui payent ! À Mana par exemple, nous sommes à 400 foyers fiscaux pour 12 000 habitants. Je pense qu’il faut élargir la base fiscale pour que tout le monde contribue à son niveau. Sinon c’est une minorité de la population qui paye pour réaliser les travaux sur les communes, donc pour les déchets. C’est un avenir incertain car cela coûte beaucoup d’argent le traitement des déchets et il y a très peu de contribuables. »

La CCOG veut mettre en place cette année le tri sélectif dans toutes les communes du Maroni. Maripasoula vient d’être équipée de bornes mobiles. D’autres équipements sont encore attendus à Papaïchton et Grand Santi. Sophie Charles rappelle que les éco organismes ont aussi leur rôle à jouer dans le traitement des déchets.

Sophie Charles, maire de Saint-Laurent et présidente de la CCOG

« J’aimerais qu’il y ait un vrai tri des déchets. Que les éco organismes jouent leur rôle, qu’ils viennent récupérer les déchets de menuiserie, des réfrigérateurs, les piles, les huiles. La CCOG a conventionné avec les éco organismes pour qu’ils puissent récupérer tous ces déchets du pays Indien jusqu’à Awala-Yalimapo et même à Saül, mais pour l’instant, à part Citéo, on ne les voit pas ! Ils sont pourtant financés pour récupérer les déchets qui doivent être recyclés. »

Quelle échéance pour répondre aux normes ?

Chaque année, la communauté de communes de l’ouest guyanais collecte 24 000 tonnes de déchets. Respecter les normes imposées par l’Europe et l’Etat est envisagé par la CCOG à l’horizon 2030 voire 2040 dans certains secteurs du haut Maroni.