Après six mois de discussions, les États-Unis et Cuba ont annoncé l'ouverture de leurs ambassades dans leurs deux pays respectifs. L'instant est historique mais tout n'est pas réglé. Reste la question de l'embargo américain.
•
Cette fois encore, ils en ont fait l’annonce simultanément, comme pour mieux ajouter de la solennité au moment. Les États-Unis et Cuba rétablissent leurs relations diplomatiques, interrompues il y a 54 ans, en 1961. "Aujourd'hui, les États-Unis ont formellement accepté de rétablir les relations diplomatiques avec Cuba pour rouvrir les ambassades dans nos pays respectifs", a déclaré le président américain Barack Obama, depuis les jardins de la Maison Blanche. En même temps, le dirigeant cubain Raul Castro s’exprimait à travers une lettre lue à l’antenne de la télévision nationale : "J'ai le plaisir de m'adresser à vous pour confirmer que la République de Cuba a décidé de rétablir des relations diplomatiques avec les Etats-Unis et d'ouvrir des missions diplomatiques dans nos pays respectifs".
Cette annonce était attendue depuis que Washington a retiré, fin mai, La Havane de la liste noire des États soutenant le terrorisme, un préalable indispensable pour Raul Castro. Six mois après l’amorce officielle du rapprochement entre les deux pays et la première annonce en ce sens faite le 17 décembre 2014, les choses se concrétisent. Les ambassades devraient rouvrir à partir du 20 juillet. John Kerry, le secrétaire d'État américain, devrait également se rendre à Cuba pendant l'été.
Cette question sera sans aucun doute au cœur des échanges entre les États-Unis et Cuba. Le président américain a lui-même constaté l’échec de cette politique. Barack Obama a demandé au Congrès de travailler à la levée de cet embargo. Mais le processus s'annonce long car la majorité Républicaine n’y est pas favorable.
À dix-huit mois de son départ de la Maison Blanche, Barack Obama entend consolider cette initiative majeure de sa politique étrangère. Washington a plusieurs fois évoqué la possibilité d'une visite à Cuba de son président en 2016.
Cette annonce était attendue depuis que Washington a retiré, fin mai, La Havane de la liste noire des États soutenant le terrorisme, un préalable indispensable pour Raul Castro. Six mois après l’amorce officielle du rapprochement entre les deux pays et la première annonce en ce sens faite le 17 décembre 2014, les choses se concrétisent. Les ambassades devraient rouvrir à partir du 20 juillet. John Kerry, le secrétaire d'État américain, devrait également se rendre à Cuba pendant l'été.
L’épineuse question de l’embargo
Ces derniers mois, de nombreux signes de détente sont apparus, comme l’assouplissement des politiques de visa, l’autorisation pour des secteurs définis de commercer. Mais reste l’épineuse question de l’embargo établit en 1962 par John F. Kennedy et renforcé par la loi Helms-Burton en 1996. Cet embargo est régulièrement dénoncé par Cuba comme un frein au développement de l’île. Tous les pays de la Caraïbes ont régulièrement pris position contre cet embargo, de même que l’Union Européenne.Cette question sera sans aucun doute au cœur des échanges entre les États-Unis et Cuba. Le président américain a lui-même constaté l’échec de cette politique. Barack Obama a demandé au Congrès de travailler à la levée de cet embargo. Mais le processus s'annonce long car la majorité Républicaine n’y est pas favorable.
À dix-huit mois de son départ de la Maison Blanche, Barack Obama entend consolider cette initiative majeure de sa politique étrangère. Washington a plusieurs fois évoqué la possibilité d'une visite à Cuba de son président en 2016.
54 ans de relations américano-cubaines
Le réchauffement des relations entre les États-Unis et Cuba franchit une nouvelle étape avec un accord pour la réouverture d'ambassades.- 1961 : Washington rompt en janvier les relations diplomatiques avec La Havane. En avril, échec de la tentative de débarquement d'exilés cubains soutenus par les États-Unis dans la baie des Cochons.
- 1962 : John F. Kennedy décrète en février un embargo commercial contre Cuba. En octobre, crise majeure entre les États-Unis et l'URSS après l'installation de missiles nucléaires soviétiques sur l'île.
- 1977 : Jimmy Carter allège l'embargo, ouverture du Bureau des intérêts américains à La Havane.
- 1995 : signature d'accords migratoires.
- 1996 : renforcement de l'embargo américain avec la loi Helms-Burton.
- 2001 : George W. Bush renforce l'embargo en limitant davantage les voyages et l'envoi d'argent sur l'île.
- 2004: Cuba annonce la fin de ses transactions commerciales en dollars.
- 2009: Barack Obama lève les restrictions aux voyages et l'envoi d'argent par les Cubano-Américains. Des représentants américains et cubains entament des discussions informelles.
- 2012: En visite à La Havane, le pape Benoît XVI dénonce "les mesures économiques restrictives imposées de l'extérieur", en référence à l'embargo américain.
- 2013: Barack Obama et Raul Castro échangent une poignée de main historique pendant l'hommage à Nelson Mandela en Afrique du Sud.
- 2014: Le 9 janvier, Cuba et les États-Unis reprennent leur dialogue sur la politique migratoire. Le 3 décembre, Washington conditionne une détente avec Cuba à la libération d'Alan Gross, un sous-traitant du département d'Etat arrêté fin 2009 pour espionnage et condamné à 15 ans de prison en 2011. Le 17 décembre, M. Gross est libéré ainsi qu'un autre Américain, détenu pendant 20 ans, en échange de trois Cubains incarcérés aux États-Unis. Barack Obama et Raul Castro annoncent simultanément des discussions pour rétablir les relations diplomatiques. Une annonce historique après 18 mois de négociations secrètes sous l'égide du Vatican et du Canada.
- 2015 : le 15 janvier, les États-Unis facilitent les voyages et le commerce avec Cuba, dans certaines limites, pour atténuer l'effet de l'embargo.
- . 20 janvier : Obama demande au Congrès, dominé par les républicains, d'ouvrir un débat cette année sur la levée de l'embargo.
- . 22 janvier : Première session de négociations à La Havane sur la réouverture d'ambassades. De "profonds différends" mais poursuite du dialogue.
- . 26 janvier : Fidel Castro rompt son silence, affirmant ne pas rejeter le rapprochement, même s'il ne fait pas confiance à Washington.
- . 27 février : Deuxième session de pourparlers à Washington. Des "progrès" mais rien de concret.
- . mars : Le 3, entrée en service d'une ligne téléphonique directe entre les deux pays. Le 31, réunion consacrée aux droits de l'homme.
- . 11 avril : Face-à-face historique entre MM. Obama et Castro au Panama, le premier entre présidents des deux pays depuis la révolution castriste de 1959.
- . 14 avril : Barack Obama décide de retirer Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme. Un préalable pour La Havane à la reprise de relations diplomatiques.
- . 5 mai : Les États-Unis autorisent le transport de passagers par ferry avec Cuba.
- . 21-22 mai : Troisième session de négociations pour la réouverture d'ambassades.
- . 29 mai : retrait effectif de Cuba de la liste noire américaine d'"Etats soutenant le terrorisme".
- . 1er juillet : Obama annonce le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba et la réouverture des ambassades.