L'inquiétude des auto-écoles est-elle justifiée ?

Les auto-écoles disent ne plus réussir à maintenir leur activité à flot.
Des moniteurs d’auto-écoles ont perturbé la séance plénière du Conseil régional, ce jeudi (23 juillet). Ils contestent les aides attribuées par la Région au Régiment du Service Militaire Adapté (RSMA). Cette concurrence, qu’ils jugent déloyale, serait un vrai manque à gagner selon eux.
Les moniteurs de conduite veulent faire entendre leur colère. Ce jeudi (23 juillet), ils sont venus manifester devant la Région, à Schoelcher. L’intersyndicale, qui représente les 167 auto-écoles de l’île, dénonce une concurrence déloyale de la part du Régiment du Service Militaire Adapté. Le RSMA forme les jeunes en grande difficulté. Il leur fait aussi passer le permis de conduire.

"Ces jeunes ne sont pas formés par des professionnels de la sécurité routière", explique Grégoire Galot, le président de l'Union martiniquaise des indépendants de la conduite automobile et de la sécurité routière. "Ils sont formés par des militaires qui ont six semaines de formation alors que nous avons eu un an de formation". En réalité, les formateurs du RSMA restent deux mois dans un centre d’instruction élémentaire de conduite.

Les élèves militaires peuvent obtenir gratuitement leur permis au RSMA. Selon les moniteurs, ils seraient de plus en plus nombreux à intégrer le processus, près de 800, soit un manque à gagner de 640 000 euros. Mais d’après les chiffres de la Préfecture, seulement 374 élèves du RSMA ont présenté l’examen du permis B en 2014. Ils représenteraient moins de 5 % des permis civils. On est loin des chiffres avancés par l’intersyndicale.


Un million d’euros de subvention en question​

Les moniteurs évoquent également la question d’une subvention d’un million d’euros, accordée par la Région au RSMA pour le passage des permis. Question que le président de la collectivité balaie : "Le financement concerne le mobilier de bureau et de salles de formation, les déplacements et missions… Vous n’avez vu, à aucun moment, un financement pour donner un permis à qui que ce soit", s'emporte Serge Letchimy qui ajoute : "Vous savez qui passe les permis ? Les plus pauvres, les plus démunis, les plus exclus".

Enfin, les jeunes du RSMA obtiennent un brevet militaire de conduite qui sera convertible par la Préfecture en permis civil, après la justification d’un certain nombre d’heures de conduite.

À (re)voir, le reportage d’Aurélie Treuil et Laura Schintu :