La viande, facteur de risque du cancer

La viande transformée est sous le feu des critiques.
Un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé annonce que la viande transformée est "cancérogène pour l'homme". Cette étude fait l’effet d’une bombe dans le milieu industriel du secteur, déjà accablé par de nombreux scandales sanitaires.
Finis les hot-dogs, le jambon-beurre ou même les hamburgers ? Selon le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), un organe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la viande transformée, dont la charcuterie, a été classée comme "cancérogène pour l’homme". La viande rouge l’est "probablement".

Dans son rapport publié lundi (26 octobre), l’OMS s’est appuyé sur plus de 800 études. Parmi les cancers les plus fréquemment associés à la consommation de viande, on retrouve le cancer colorectal et dans une moindre mesure, les cancers de la prostate et du pancréas.

Suite à l'annonce de l’OMS, l’industrie de la viande a immédiatement contre-attaquée. "Des études ont montré que si les charcuteries sont consommées avec des légumes ou une alimentation riche en fibres, le risque de cancer colorectal est encore plus faible", indique la FICT, la Fédération française des industriels charcutiers, traiteurs et transformateurs de viande dans un communiqué daté du mardi 27 octobre.

En Martinique, les professionnels veulent rassurer le consommateur en insistant sur la qualité de la production locale. "Quand on parle de viande rouge, c'est un faux problème", estime Henri Basson, le président du syndicat des artisans bouchers de la Martinique. "Les bovins sont nourris à l'herbe. Nous n'avons pas de soucis. Ce que l'on demande aux consommateurs, c'est de diversifier ses produits, de ne pas manger que de la viande. Nos bêtes n'ont absolument rien. Nous les achetons auprès de petits éleveurs". Pourtant, ces petits éleveurs restent minoritaires sur l’ensemble de la production de viande en Martinique.

Quelle quantité consommée ?

L’abus de viande serait donc dangereux pour la santé. Mais au-delà du constat, la problématique des méthodes industrielles de production et de transformation reste entière. Marie-Odile Héry a travaillé pendant sept ans en tant que responsable qualité et assistante de production dans l’industrie agro-alimentaire animale. Après avoir quitté ses fonctions, elle dénonce maintenant un système global. Selon elle, c’est toujours la rentabilité qui est au centre de la filière et non le consommateur. "La viande locale est produite dans les mêmes conditions que la viande de l'Hexagone", assure-t-elle. "On reçoit les mêmes matières premières, comme des céréales, qui peuvent être OGM. On utilise aussi de la médication, des antibiotiques, qui sont rajoutés dans les aliments. Les méthodes d'élevages sont les mêmes".

Les scandales sanitaires dans le secteur de la viande se sont multipliés ces dernières années. Cette étude internationale pourrait porter un nouveau coup à la consommation, qui est eb baisse en Martinique. Au niveau national, selon une étude INCA 2, les Français adultes consomment en moyenne 36,6 grammes de charcuterie par jour. Quelles sont les recommandations alimentaires pour trouver le bon équilibre ? "Il serait conseillé de manger 0,8 grammes par kilo et par jour de protéines", rappelle Prishtina Rubal, nutrionniste et cadre en éducation et santé publique. "Concernant la viande rouge, on conseille d'en consommer une fois par semaine. Il vaut mieux faire attention au lieu de production de la viande, à la façon dont elle a été produite et transformée"