À Port-au-Prince, une croisade évangéliste contre les gangs se termine dans un bain de sang

Une manifestation contre la violence et l'insécurité à Port-au-Prince en Haïti.
Des centaines de fidèles, membres de l’église Piscine de Bethesda du pasteur Marcorel "Marco" Zidor ont voulu chasser les gangs de leur quartier nommé Canaan. Les gangs ont ouvert le feu, plusieurs personnes sont mortes.

Dans l’après-midi du samedi 26 août 2023, des centaines fidèles de l’église Piscine de Bethesda ont obéi à la mission du pasteur Marcorel "Marco" Zidor, de persuasion protestante.

Il faut chasser les bandits sous les ordres d’un leader dénommé "Jeff" de la commune de Canaan, située au nord de Port-au-Prince.

Armés de bâtons et de machettes, ils chantaient des prières sur la route vers une confrontation avec les gangs lourdement armés.

Les fidèles croyaient que la protection divine interviendrait pour chasser les gangs qui pillent, violent et tuent les habitants de Canaan en toute impunité.

Mais ce n’était pas une journée miraculeuse. Les gangs ont ouvert le feu sur les croyants, tuant une dizaine d’entre eux et blessant plusieurs d’autres. Certains ont été kidnappés.

Selon les témoignages, le pasteur s’est enfui sur une moto, laissant ses brebis à la merci des bandits qui les ont encerclés.

Gédéon Jean, directeur exécutif du Centre d’analyse et de recherche sur les droits humains (CARDH), estime que le pasteur doit répondre à la justice pour ses actions. Selon lui, cet acte de désespoir intervient au moment où les autorités ont totalement démissionné de leur mission de protéger la population.

D’ailleurs le ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP) a chargé la population haïtienne d’un devoir de résistance.

" …la dénonciation de criminels relève du devoir civique," précise l’article 52-1 de la constitution de la République en vigueur concernant les obligations du citoyen vis-à-vis de l’État et de la Patrie.

L’activité des gangs ne cesse de s’intensifier. C’est par milliers que les habitants des quartiers de Port-au-Prince sont contraints à fuir leurs domiciles à la recherche des lieux de refuges sécurisés.