Abandons de "bwadjacks" en Martinique... après leur "concert" de détonations au carnaval

Bwadjack abandonné
Beaucoup de vieilles voitures abandonnées (les bwadjacks) sont souvent laissées aux abords des routes au lendemain des jours gras en Martinique. Bis repetita cette année, en plus des nombreux VHU qui défigurent l’environnement. Les riverains exposés à ces nuisances en ont assez.
Le phénomène est récurrent en Martinique. De vieilles voitures du carnaval communément appelées les bwadjacks, sont souvent laissées sur les routes ou dans les cités après les festivités, au lendemain de l’incinération de Vaval le mercredi des cendres. Ces épaves qui sont parfois brûlées, viennent s’ajouter aux nombreux VHU (Véhicules Hors d’Usage) lesquels sont déjà un casse-tête pour toutes les communes de Martinique.

Mais cette année 2020, le nombre d’abandons serait en baisse selon Charles Virassamy, président de l’APNE (l’Association pour la Protection de la Nature et de l’Environnement).

Charles Virassamy, président de l’APNE

Il faut toutefois distinguer les brawdjacks customisés, en règle et donc autorisés à intégrer les cortèges carnavalesques, par rapport à ceux qui ont été souvent pointés du doigt cette année encore, à cause des détonations provoquées volontairement par les propriétaires, grâce à des pots d’échappement modifiés et des accélérations prolongées.
Des "bwadkacks" (en règle) au défilé du dimanche gras 2020 à Fort-de-France
Ces détonations qui se sont multipliés durant toute la période du carnaval et même bien avant les jours gras, ont des conséquences sur la santé des riverains, en particulier les cardiaques, les personnes âgées et les enfants.

L’exposition au bruit à niveau élevé peut être très nocive pour l’audition. Un niveau sonore prolongé de l’ordre de 85 dB(A) est susceptible d’entraîner à la longue une atteinte de l’oreille. Une exposition ponctuelle à un niveau de bruit élevé conduit à une fatigue auditive avec une sensation de surdité.
L’exposition au bruit peut également entraîner des effets extra auditifs (…)
- troubles du sommeil, dont les effets chroniques peuvent être très nocifs ou dangereux (risque d’accident de la circulation ou au travail) ;
- des désordres cardio-vasculaires de type hypertension artérielle et troubles cardiaques ischémiques ;
- une modification de la sécrétion de certaines hormones liées au stress (adrénaline et noradrénaline).
- la stimulation acoustique excessive qui génère des modifications du système endocrinien, peut atteindre les défenses immunitaires. Cela peut se traduire par une réduction des défenses acquises et, par conséquent, par une plus grande fragilité de l’organisme aux diverses agressions subies.(…) 

(Rapport AFSSE - Agence Française de Sécurité Sanitaire Environnementale / Novembre 2004)

La loi condamne les véhicules trop bruyants 


L’article R.318-3 alinéa 1er du code la route permet aux forces de l’ordre de sanctionner le "bruit gênant", autrement dit "au ressenti ou au jugé", pour les riverains ou les autres usagers de la route, sans avoir recours à un sonomètre. Les véhicules à moteur ne doivent pas émettre de bruits susceptibles de causer une gêne aux usagers de la route ou aux riverains. Le moteur doit être muni d'un dispositif d'échappement silencieux en bon état de fonctionnement sans possibilité d'interruption par le conducteur.

Toute opération tendant à supprimer ou à réduire l'efficacité du dispositif d'échappement silencieux est interdite. Le ministre chargé des transports, le ministre chargé de la santé et le ministre chargé de l'environnement fixent par arrêté les conditions d'application du présent article.

Le fait de contrevenir aux dispositions du présent article ou à celles prises pour son application est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la troisième classe. L'immobilisation peut être prescrite dans les conditions prévues aux articles L. 325-1 à L. 325-3.
 

Les contrevenants récidivent


Les autorités judiciaires et la municipalité de Fort-de-France (où se déroulent les grands défilés chaque année), avaient pourtant averti les contrevenants, mais ces mises en garde n’ont visiblement pas impressionné les chauffeurs de ces bwadjacks, volontairement pétaradants. Du coup, les habitants qui subissent ces nuisances sonores (comme celles de certains deux roues) s’interrogent : qu’en sera-t-il encore l’an prochain ?