Aides européennes pour l'agriculture Martiniquaise : un pactole convoité

L'aide européenne et l'agriculture martiniquaise
Les aides européennes ont constitué, selon l'IEDOM, un apport de 149,8 millions d'euros en 2021 pour l'agriculture martiniquaise. Sa répartition est de plus en plus remise en cause, notamment par la Collectivité Territoriale de Martinique. Comment est constituée cette aide et comment est-elle répartie entre les différents secteurs agricoles ? Voici des éléments de réponse pour mieux comprendre les enjeux que génère cette manne financière.

Il existe deux programmes européens de financement : le POSEI (Programme d’Options Spécifiques à l’Éloignement et à l’Insularité) et le FEADER (Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural). La Martinique à elle seule capte 37 % du POSEI destiné aux départements et territoires d'Outre-mer.

149,8 millions répartis en 2 programmes :

LE POSEI : ce programme de la Politique Agricole Commune (PAC) de l'UE, comprend deux volets principaux en 2021 :

  • Régime Spécifique d’Approvisionnement (RSA) : Visant à réduire le coût des intrants pour les agriculteurs.
  • Mesures en Faveur des Productions Agricoles Locales (MFPAL) : Ciblant quatre secteurs clés (la banane, le secteur canne-sucre-rhum, la filière animale, et la diversification des productions végétales). En 2021, le budget pour la Martinique a légèrement diminué par rapport à 2020, s'élevant à 121,8 millions d'euros.

LE FEADER : ce fonds soutient la modernisation de l'agriculture, la promotion de la biodiversité et le développement rural. En 2021, 28 millions d'euros ont été alloués à la Martinique pour financer divers projets, incluant la conversion à l'agriculture biologique, l'amélioration de la qualité des sols et des eaux, la diversification des productions et la formation des agriculteurs. Le budget du FEADER pour la période 2021-2027 est en augmentation de 8,3 % par rapport à la période précédente (2014-2020).

Comment ces aides sont-elles réparties ?

C'est pour le POSEI que la répartition par filière agricole est plus précise. Les 121,8 millions attribués en 2021 ont majoritairement bénéficié à la filière banane. Elle capte à elle seule plus des 3/4 de l'enveloppe avec un montant de 95,4 millions d'euros.

Viennent ensuite, dans une moindre mesure, la filière animale avec 12,3 millions d'euros, puis la filière Canne-Sucre-Rhum avec 5,4 millions d'euros et celle de la diversification des productions végétales avec le plus petit montant d'aide financière de 4,7 millions d'euros.

Une répartition à revoir

C'est l'un des points de la plateforme de revendication élaborée par les agriculteurs lors d'une séance de travail le 29 janvier à la Collectivité Territoriale de Martinique. Cette plateforme est portée par l'exécutif de la CTM et la chambre d'agriculture. Le groupement des producteurs de bananes (BANAMART), en revanche, "n'a pas souhaité s'associer" à cette plateforme selon la CTM, qui a transmis la copie au Premier ministre et à la presse.

Le point sur la refonte des dispositifs d’accompagnement et de développement de l’agriculture s'articule autour de plusieurs actions :

  • Territorialiser le pilotage du POSEI (par la CTM).
  • Ouvrir le POSEI à l’ensemble des formes d’organisations de producteurs et aux marchés de producteurs.
  • Augmenter le POSEI destiné à l’agriculture vivrière.
  • Augmenter l’aide à la commercialisation des produits issus de l’agriculture biologique.
  • Rendre non imposables les subventions publiques versées aux agriculteurs dans le cadre du POSEI.

Lecture différente des producteurs

Cette refonte du POSEI est pour la CTM l'un des leviers qui permettra à la Martinique de "répondre aux enjeux d’autonomie alimentaire, de pérennité et de développement de l’agriculture martiniquaise".

Mais cette vision n'est pas partagée par les producteurs de bananes qui occupent 25,4 % des surfaces agricoles et exportent 98 % de leur production.

Selon l'INSEE, la filière banane génère en Martinique 12 000 emplois, dont 6 000 à 8 000 sont indirects.