Adjoint au maire du Lamentin en 1989 et conseiller général du premier canton du Lamentin en 2002, Alfred Sinosa a été chargé des finances de la commune durant treize ans, jusqu’en 2010. En mars de cette année-là, lors d’un conseil municipal houleux, ses délégations de 4e adjoint au maire lui sont retirées à la demande de Pierre Samot.
Néanmoins, le conseil municipal vote pour qu’il demeure adjoint, contrairement aux souhaits du maire. Ce dernier souhaitait retrouver une forme de cohésion politique au sein de la majorité municipale. Une cohésion mise à mal à l’approche des élections régionales de mars 2010. Alfred Sinosa avait alors pris parti pour la liste des patriotes menée par Alfred Marie-Jeanne et contre celle de Bâtir le Pays Martinique de Pierre Samot.
Au fil des mois, les dissensions deviennent des divergences de fond. Elles atteignent leur paroxysme aux élections cantonales, les dernières de notre histoire, en mars 2011. Le président de la collectivité, Claude Lise, en place depuis 1992, est soutenu pour un nouveau mandat par la coalition entre son parti, le Rassemblement Démocratique pour la Martinique (RDM) et le camp indépendantiste regroupé autour du MIM d’Alfred Marie-Jeanne.
Un homme de convictions
Josette Manin, de Bâtir le Pays Martinique est soutenue par la coalition Ensemble Pour une Martinique Nouvelle (EPMN) rassemblée autour du Parti progressiste martiniquais (PPM) de Serge Letchimy. Les deux tours de scrutin donnent 22 voix à chacun. C’est alors que la candidature du doyen d’âge de l’assemblée est avancée pour le troisième et dernier tour de scrutin, un certain Alfred Sinosa. Il s’incline d’une seule voix, 23 contre 22, face à Josette Manin, qui devient la première femme élue à la présidence du Département.
Fidèle à son positionnement, Alfred Sinosa appelle la population lamentinoise à voter pour Alfred Marie-Jeanne aux législatives de 2012. Lequel sera le premier député de la nouvelle première circonscription, dite du Centre-Atlantique.
Peu à peu, le doyen des élus départementaux et régionaux se retire de la vie politique active. Il met un terme à toutes ses responsabilités à la veille des premières élections territoriales de décembre 2015. Ancien président de l’Aiglon, Alfred Sinosa a terminé sa carrière d’enseignant comme inspecteur de l’Éducation nationale. Il laissera le souvenir d’un homme de convictions, volontiers souriant, le regard pétillant derrière de grosses lunettes. Son ton posé et sa voix grave forçaient à l’écouter. Et souvent, à l’entendre.