La première copie du budget du ministère des Outre-mer indique qu’il est en baisse de 250 millions d’euros par rapport à 2024. Il s’établit à 2,5 milliards d’euros. Le Premier ministre Michel Barnier explique cette diminution des crédits par la nécessité de réduire toutes les dépenses publiques. La solidarité nationale joue aussi de la périphérie de l’outre-mer vers le centre parisien.
Ce projet est vertement critiqué par les élus locaux et parlementaires de tous nos territoires. Même si les crédits de ce ministère ne représentent que 11% des dépenses prévues par l’Etat dans les collectivités périphériques, le coup est rude. Au point que le ministre, François-Noël Buffet, a promis d’améliorer la copie.
En responsable politique avisé, l’ancien président de la commission des lois du Sénat a bien perçu que ce n’est pas le moment pour l’Etat de poursuivre son désengagement financier de nos territoires. Les crises sociétales de Martinique et de Nouvelle-Calédonie/Kanaky appellent de l’Etat de nécessaires correctifs pour éviter de nouvelles déflagrations.
L’État veut se désengager mais ne le peut pas
C’est déjà évident en Nouvelle-Calédonie. Le ministre a dévoilé un plan de reconstruction et de relance économique de 500 millions d’euros, jugé insuffisant par les élus de tous les bords. Pour la Martinique, le Premier ministre a promis de réfléchir au vote d’une loi d’orientation dotée de 100 millions d’euros. Une demande émanant du président du conseil exécutif de la collectivité territoriale pour relancer l’économie. Mais rien n’est acté à ce stade.
Cette loi devrait venir en supplément de l’effort que représente l’annulation de la TVA sur 6 000 produits de consommation courante dans le but d’apaiser les tensions nées de la mobilisation populaire contre l’inflation insupportable. Ce manque à gagner de 4 millions d’euros par an sera récupéré ailleurs, bien sûr.
Le gouvernement dit vouloir contribuer à aider les foyers les plus vulnérables tout en laissant à nos élus le soin trouver eux-mêmes des solutions pour sortir du marasme. Le préfet est clair à cet égard. Il explique que le désir d’autonomie exprimé par certains de nos dirigeants passe aussi par leur plus forte implication dans la résolution des crises aiguës comme celle que nous traversons.
Une autonomie qui ne dit pas son nom
Au-delà de la bataille âpre qui se prépare sur le budget du ministère, le moment semble venu pour le gouvernement d’infléchir sa politique de l’outre-mer. Il est tenté de mettre à profit les crises de Martinique et Nouvelle-Calédonie pour préparer une forme d’autonomie de nos territoires qui ne dit pas son nom.
Il laisse volontiers les institutions locales en première ligne pour résoudre les problématiques qu’il ne parvient pas à résoudre. Et ceci, tout en accompagnant les élus locaux, mais en se mettant au second plan. La gestion du domaine de l’outre-mer est devenue trop complexe depuis Paris.
La haute administration centrale qui pilote les décisions des gouvernements veut lâcher du lest aux institutions locales dans ce contexte d’austérité budgétaire contrainte. À charge pour nos élus de le comprendre afin de porter les réponses attendues par leurs administrés.