Et si nous revenions à la politique dans la révolte sociale en cours ? Politique au sens de décisions partagées pour tracer un horizon nouveau dans ce climat où règne confusion et colère, mais aussi espoir et optimisme.
Politique au sens où nous ne pouvons pas nous permettre de réduire la problématique complexe de la cherté du coût de la vie à des considérations purement techniques sur l’annulation de la TVA et de l’octroi de mer sur quelques centaines ou quelques milliers de produits de consommation courante.
Une petite musique est en train de se diffuser, ici ou là. Elle dit que c’est le fonctionnement même de notre société qui doit être totalement revu, les mêmes causes produisant les mêmes effets. Tant que les revenus seront bas, que la précarité touchera 30 ou 40% de la population, que l’inflation ne sera pas contenue, que les collectivités locales seront sous-financées, que la production locale sera insuffisante, le coût de la vie restera intolérable.
Comment éviter une nouvelle flambée de colère ?
Nous entendons volontiers parler de réformes structurelles afin d’éviter une nouvelle flambée de colère populaire. Même le gouvernement en convient, c’est dire ! Il n’est pas certain que ministres, élus, syndicalistes et experts donnent le même sens à ces mots, mais chacun s’accorde sur la nécessité de repenser l’organisation de notre système politique et la logique de notre modèle économique.
Nos dirigeants, dont la plupart sont autonomistes, indépendantistes ou souverainistes, ont certainement quelques idées visant à garantir à la Martinique la prospérité et la sérénité à l’avenir. S’il faut passer à une autre étape de notre histoire, il convient de définir les contours d’un nouveau projet de société. Lequel ne se conçoit qu’avec la participation de tous.
Le programme politique qui l’incarne doit définir un modèle économique, mais aussi la forme de gouvernement, la place des citoyens, l’organisation des institutions, le système éducatif, le système de santé, la sécurité publique. Nous avons l’exemple de nos aînés pour nous inspirer.
En 1946, ils ont bâti une autre Martinique sur la base d’un projet politique visant à changer de statut juridique afin d’obtenir l’égalité des droits. L’assimilation, ou départementalisation, résumait ce projet de société. En 2024, quel projet de société pouvons-nous imaginer ? Le travail ne fait que commencer. Du moins, c’est à espérer.