Avec l’alignement du régime des retraites et la problématique de la vie chère, le gouvernement est confronté à une troisième revendication portée par nos parlementaires : la continuité territoriale. Députés et sénateurs relaient la colère et les exigences de leurs électeurs, mais aussi des forces vives de leurs territoires.
Que faut-il dire ou faire pour obtenir l’application intégrale de la loi sur la continuité territoriale pour l’Outre-mer ? Nous devrions avoir une première réponse sous peu. Une série d’auditions a commencé au Sénat il y a deux semaines sur le sujet. Leurs conclusions seront connues d’ici à un mois. La sénatrice Catherine Conconne s’est beaucoup investie ces derniers temps pour que le gouvernement boucle ce dossier.
S'inspirer de l'exemple de la Corse
Il s’agit pour les habitants des collectivités d’Outre-mer de bénéficier du dispositif équivalent à celui qui existe en Corse. Depuis 1976, tout contribuable y résidant peut acheter à prix réduit un billet d’avion ou de bateau pour se rendre sur le continent. L’État verse aux compagnies aériennes et maritimes des subventions leur permettant de proposer à leurs clientèle des liaisons à prix réduit.
La Collectvité de Corse et son office public de gestion des transports, ont obtenu en novembre une augmentation de 33 millions d’euros de l’enveloppe prévue à cet effet. Ainsi, 220 millions d’euros sont dévolus chaque année à cette aide aux voyageurs. Dans les onze territoires d'Outre-mer, six fois plus peuplés que l’Île de Beauté, on en arrive à peine à 100 millions d’euros. Un comble !
Les élus corses ont sûrement des arguments irréfragables que nous ignorons. Plus que de les jalouser, il s’agit de s’inspirer de leur exemple. Il est vrai qu’ils ne nourissent aucun complexe vis-à-vis de Paris, quelle que soit la couleur politique du gouvernement.
Les aides au voyage existent bien dans nos territoires. Mais elles sont versées aux passagers qui doivent remplir des conditions restrictives : un revenu annuel de 12 000 euros au plus pour obtenir 40% de réduction maximum sur le prix d’un billet d’avion. En plus, l’aide est plafonnée à 270 euros pour les Antillais.
Il serait temps de déplafonner la réduction et de relever le seuil de revenus. Puis, comme le souhaite la sénatrice Conconne, d’étendre les aides aux parcours de soin, aux stages de formation et au transport funéraire. Ce qui existe aujourd’hui, mais pour des montants symboliques.
L’autre axe d’amélioration est l’extension de la continuité territoriale aux communications audiovisuelles, téléphoniques et numériques. L’accès aux chaînes gratuite de la TNT reste impossible. Le tarif des abonnements au téléphone et les forfaits internet sont prohibitif. Quant au fret maritime, il est hors de prix.
Les sénateurs, puis les députés, pourront s’inspirer de la loi sur l’égalité réelle outre-mer de février 2017 qui prévoit ces extensions, au nom de la justice sociale et du respect de l’intégrité du territoire. A moins que là aussi, le gouvernement fasse la sourde oreille.