Chlordécone aux Antilles : les plaignants envisagent tous les recours possibles

L'avocat guadeloupéen Harry Jawad Durimel ©Guadeloupe la 1ère
"Rien n'est perdu", selon l'avocat guadeloupéen Harry Durimel. Deux juges d'instruction parisiennes ont annoncé aux collectivités et associations plaignantes, leur intention de clore le dossier chlordécone ouvert en 2007 sans prononcer de mise en examen, l'orientant ainsi vers un possible non-lieu. (Re)voir l'avocat lors du journal de Guadeloupe la 1ère du mardi 5 avril 2022, présenté par Christelle Théophile.

Les juges d'instruction du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris ont prononcé le 25 mars la fin des investigations sans mise en cause dans l'enquête sur l'empoisonnement des Antilles au chlordécone, selon une information révélée par l'AFP (Agence Française de presse) le mardi 5 avril 2022.

Maître Harry Durimel est l’avocat guadeloupéen qui a rédigé et déposé une plainte en 2006 avec plusieurs associations martiniquaises et guadeloupéenne, pour empoisonnement, mise en danger de la vie d'autrui et administration de substance nuisible. 

Maître Durimel considère qu'au-delà de l’indignation, "rien n’est perdu".

Un avis de fin d’information ne met pas fin à l’information. Ça ouvre d’autres champs. Nous pouvons faire des demandes d’actes. Si le juge refuse on peut faire appel. Le procureur pendra son réquisitoire après cet avis de fin d’information. Si le juge prend une ordonnance de non lieu, nous ferons appel. Si la cour d’appel confirme le non lieu, nous irons en cassation et peut-être au niveau de la cour européenne des droits de l’homme ou de la cour européenne de justice.

Me Harry Jawad Durimel
Les terres polluées par le chlordécone aux Antilles

Le chlordécone, un pesticide interdit en France en 1990 mais qui a continué à être autorisé dans les champs de bananes de Martinique et de Guadeloupe par dérogation ministérielle jusqu'en 1993, a provoqué une pollution importante et durable des deux îles.

Plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France, et les populations antillaises présentent un taux d'incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde.

Ces cancers de la prostate liés à l'exposition au chlordécone ont été reconnus comme maladie professionnelle en décembre, ouvrant la voie à l'indemnisation d'exploitants et ouvriers agricoles.

La possible prescription de l'action publique a suscité la colère en particulier en Martinique. Entre 5 000 et 15 000 personnes avaient défilé dans les rues de Fort-de-France le 27 février 2021.