Les juges d'instruction du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris ont prononcé le 25 mars la fin des investigations sans mise en cause dans l'enquête sur l'empoisonnement des Antilles au chlordécone, selon une information révélée par l'AFP (Agence Française de presse) le mardi 5 avril 2022.
Maître Harry Durimel est l’avocat guadeloupéen qui a rédigé et déposé une plainte en 2006 avec plusieurs associations martiniquaises et guadeloupéenne, pour empoisonnement, mise en danger de la vie d'autrui et administration de substance nuisible.
Maître Durimel considère qu'au-delà de l’indignation, "rien n’est perdu".
Un avis de fin d’information ne met pas fin à l’information. Ça ouvre d’autres champs. Nous pouvons faire des demandes d’actes. Si le juge refuse on peut faire appel. Le procureur pendra son réquisitoire après cet avis de fin d’information. Si le juge prend une ordonnance de non lieu, nous ferons appel. Si la cour d’appel confirme le non lieu, nous irons en cassation et peut-être au niveau de la cour européenne des droits de l’homme ou de la cour européenne de justice.
Me Harry Jawad Durimel
Le chlordécone, un pesticide interdit en France en 1990 mais qui a continué à être autorisé dans les champs de bananes de Martinique et de Guadeloupe par dérogation ministérielle jusqu'en 1993, a provoqué une pollution importante et durable des deux îles.
Plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France, et les populations antillaises présentent un taux d'incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde.
Ces cancers de la prostate liés à l'exposition au chlordécone ont été reconnus comme maladie professionnelle en décembre, ouvrant la voie à l'indemnisation d'exploitants et ouvriers agricoles.
La possible prescription de l'action publique a suscité la colère en particulier en Martinique. Entre 5 000 et 15 000 personnes avaient défilé dans les rues de Fort-de-France le 27 février 2021.