Mission chlordécone : fin des auditions de la commission d'enquête en Martinique

Aujourd'hui (mercredi 18 septembre 2019) les membres de la commission d'enquête ont terminé leur marathon. Ils dressent un portrait plutôt alarmiste de la situation.
Dès le début de la journée le ton a été donné. Sophia Sabine du collectif zéro chlordécone, exprime sa colère. La militante interpelle directement les parlementaires. Elle demande que les députés se fassent le relais de leurs actions. Il s'agit là du programme chlordétoxe ou encore de la pétition pour la gratuité du dépistage. Pétition qui aurait déjà plus de 22 000 signatures.
Après avoir écouté, le président de la commission, Serge Letchimy, procèdera à un recadrage en bonne et due forme. Mais les interventions des autres associations et collectifs ne vont pas rassurer. 
 

L'ASSAUPAMAR et PUMA tirent la sonnette d'alarme


L'ASSAUPAMAR, entendue en même temps que les collectifs Zéro chlordécone, Liyannaj pou dépolyé Matinik, et l'association départementale des consommateurs de Martinique (ADCM), va commencer par interpeller à son tour les parlementaires. Cette fois c'est la question de la migration de la molécule vers les fruits qui est mise sur la table.

Selon l'association écologiste, il n'y a aucune étude scientifique pour affirmer l'idée selon laquelle le chlordécone ne montant pas, ne contaminerait pas les fruits. Ceci avant de conclure que les recommandations de l'ARS ne sont pas satisfaisantes.

Florent Grabin, entendu seul, en tant que représentant de l'association PUMA (Pour Une Martinique Autrement) va exprimer, comme demandé par le président de la commission, son sentiment concernant les responsabilités éventuelles des fabriquants martiniquais de chlordécone. À cette question, le militant répondra sans sourcilier :

Oui il y a eu production (ndlr: par une entreprise martiniquaise) de chlordécone entre 1990 et  1993.

C'est à dire après son interdiction.

Les responsables de l'IFREMER ne rassurent pas non plus


Les représentants de l'Institut Français de Recherches pour l'Exploitation de la MER (IFREMER), n'auront pas réussi à convaincre les membres de la commission d'enquête. Pendant plus d'une heure, ils vont pourtant fuir les questions trop engageantes. Exemple : avez-vous assez d'argent pour la recherche sur les questions liées au chlordécone? Il faudra que la question soit posée plusieurs fois avant une esquisse de réponse. 
 

Le cri d'alarme de Mirella Méraud


La représentante du comité régional des pêches était auditionnée seule. Pendant une heure elle a expliqué à quel point la situation est compliquée pour les marins-pêcheurs pour qui c'est la double peine. Les quelques indemnisations n'ont pas suffit. Les interdictions de pêche entraînent une incapacité de travailler pour beaucoup d'entre eux.

Elle a ainsi réclamé directement aux parlementaires que soit débloquée une aide à l'achat de bateaux neufs, que certains pêcheurs soient exonérés d'Ursaff et qu'il y ait un vrai suivi de la filière.

Les auditions se poursuivent demain (jeudi 19 septembre 2019) en Guadeloupe. Les membres de la commission d'enquête parlementaire devraient y entendre les différents protagonistes de l'affaire sur l'archipel.