Chlordécone : les analyses des terres agricoles de Martinique sont nettement insuffisantes

Un premier bilan du plan chlordécone 4 a été dressé la semaine, par le gouvernement et les élus martiniquais, à Paris. Une enveloppe de 92 millions est prévue, pour lutter contre la contamination à la chlordécone, dans nos territoires. Mais le bilan reste mitigé concernant le nombre d’analyses de sols. Seulement, 25% des parcelles aux Antilles ont été testées.

Selon les chiffres publiés, par la préfecture, sur les 40 000 hectares de terres agricoles, en Martinique, 10 000 ont été soumis à des analyses de sol, pour déceler la présence ou pas de chlordécone. Pour les 18 000 hectares de terres en friche, le nombre d’analyses de sol est quasiment nul. Très peu de parcelles agricoles ont été testées, depuis la mise en place du plan chlordécone.

La base de ces analyses étant le volontariat, personne n’est obligé d’analyser les sols, notamment tous ceux qui font des cultures, dites non sensibles, comme par exemple, la banane, la canne, l’ananas. Connaître le statut de contamination d’un terrain, peut apparaître comme un frein, pour certaines personnes qui souhaitent vendre ou louer un bien foncier, en se disant que peut-être qu’une contamination possible du terrain, le dévaluerait, sur le marché.

Olivier Palcy, président de l’OPAM (Organisation Patriotique des Agriculteurs de Martinique.

Les exploitants agricoles, tout comme les particuliers souhaitant cultiver sur une parcelle, ne sont pas contraints d’analyser leurs sols. Cela explique peut-être le fait que les contrôles restent peu fréquents.

Beaucoup de plantations de banane hébergent toujours des tubercules, comme les dachines, qui sont loin des regards des contrôleurs. On a beaucoup de tubercules qui sont vendus, sur les bords des routes. Est-ce qu’il y a des contrôles ? Je ne sais pas. Les coopératives commencent déjà à demander aux agriculteurs adhérents, le certificat de sol, pour savoir s’il est chlordéconé ou pas, à quel taux. 

Alexandre Terne, producteur bio

Pour la profession agricole, il faut rendre les analyses de sol, obligatoires.

Rendre les analyses obligatoires, permettrait d’avoir une cartographie complète et serait un outil très important et très intéressant, pour la recherche qui pourrait, à partir de cette carte, mieux comprendre quels sont les cheminements de la diffusion de la molécule, dans les milieux, et en particulier, les milieux aquatiques, les eaux de surface, les milieux humides et les milieux marins littoraux.

Olivier Palcy, président de l’OPAM (Organisation Patriotique des Agriculteurs de Martinique)