Le chlordécone s’est invité pour longtemps dans notre vie quotidienne

Vue d'une bananeraie aux Antilles.
Et si nous arrêtions de parler du chlordécone ? Pas un jour ne se passe sans qu’un communiqué, une décision, une initiative, ne soit relayé dans la presse ou sur les médias sociaux à son sujet.
 
Chlordécone : un mot devenu si familier que nous en parlons tous les jours. Durant la semaine du 2 décembre 2019, nous avons vécu pas moins de cinq événements se rapportant à ce scandale.

Mercredi 4 décembre, un communiqué est publié par les ministres de la Santé, de l’Agriculture, de la Transition écologique, de la Recherche et de l’Outre-mer. Le gouvernement souhaite appliquer les recommandations de la commission parlementaire d’enquête.

Quelques heures plus tard, les rédactions reçoivent un communiqué du président de la commission. Le député Serge Letchimy s’offusque de la timidité des ministres. Pour lui, le Plan Chlordécone 4, en cours d’élaboration, est nettement insuffisant. Le gouvernement serait bien inspiré de le renforcer, écrit-il.

Au même moment, le Sénat vote la prise en charge par les autorités sanitaires des frais d’analyses de sang pour détecter les traces du pesticide. Un vote à l’initiative de la sénatrice socialiste de Guadeloupe Victoire Jasmin, contre la volonté du gouvernement. A n’y rien comprendre !

Une réalité plus présente que nous le voudrions


Le lendemain, jeudi 5, nouveau communiqué, signé des producteurs de rhum du Coderum, des industriels de l’AMPI, des patrons du Medef et du lobby Contact Entreprises. "De nombreuses régions du monde sont contraintes de gérer les conséquences environnementales de pratiques agricoles ou industrielles passées. Elles n’en font pas pour autant une affiche publicitaire avec surenchère médiatique obsessionnelle pour imposer une image dégradée d’elles-mêmes", écrivent ces responsables des milieux économiques. No comment !

Pour conclure la semaine, samedi 7, nouvelle mobilisation devant deux magasins de GBH, à Acajou, par un collectif citoyen. GBH considéré comme le symbole des importateurs du produit toxique. Une opération sans incidents, en présence de la police nationale, donc de fonctionnaires martiniquais. Les gendarmes mobiles, venus d’ailleurs, n’ont pas eu la même attitude au Robert, quinze jours auparavant.

Les semaines à venir seront-elles aussi fertiles en rebondissements ? Ce n’est pas parce que notre vie quotidienne est peuplée par le chlordécone qu’il faut en parler au quotidien.