Les planteurs de banane de Martinique ne se sentent plus seuls dans leur galère. Le mouvement de colère des agriculteurs de l'Hexagone galvanise leurs demandes d'aide au gouvernement. Tout comme les exploitants agricoles hexagonaux, ils ont investi financièrement pour que leurs bananes respectent des normes environnementales. Ils revendiquent de récolter "des produits vertueux". Ils affirment avoir réduit l'utilisation des pesticides à 85%, mais le coût de leurs productions les asphyxie. Ils ne peuvent plus faire face, quelle que soit la taille de leur exploitation.
Des blocages en préparation ?
Les planteurs estiment que leurs dernières mobilisations "n'ont donné rien de concret". Tout comme leurs derniers échanges dans les ministères parisiens où "ils se sentent balader".
Parmi leurs revendications, une aide d'urgence de 15 millions d'euros par an, durant 3 ans "pour sauver la filière". S’ils ont été entendus, les producteurs de bananes attendent des actes...
J'ai donné au préfet un ultimatum, si à la fin de semaine nous n'avons pas de réponse, on bloque la semaine prochaine. Tous les agriculteurs sont concernés. L'action sera commune avec les producteurs de Guadeloupe
Alexis GouyéPrésident de Banamart
La FDSEA qui représente entre autres, les maraîchers s'étaient déjà associée à la colère des planteurs en novembre dernier. Le représentant local de Martinique, Manuel Jean-Baptiste participe en ce moment au conseil d'administration de sa fédération et fait remonter les difficultés des agriculteurs de sa zone. C'est un peu une réunion de crise, car les blocages dans l'Hexagone sont tenus en majorité par des agriculteurs de la FDSEA.
Nous sommes tous dans le même bateau, à l’issue du conseil d'administration nous déterminerons nos actions à venir.
Manuel Jean-BaptistePrésident de la FDSEA Martinique
Pour les agriculteurs de l'OPAM, l'Organisation Patriotique des Agriculteurs de Martinique, l'heure n'est pas encore à la mobilisation comme celle qui s'extériorise dans l'Hexagone. À l’instar des producteurs de bananes, ils se sont exprimés auprès de l'État en fin d'année. À cette occasion, ils ont dénoncé leurs difficultés.
Elles portent entre autres sur "la redistribution du foncier et la gestion des ressources en eaux". Nous sommes très à l'écoute de ce qui se passe en France, car il y a des similitudes avec nos difficultés
Olivier Palcy , Président de l'OPAM
Pour l'heure, un mouvement commun entre les différentes organisations martiniquaises d'agriculteurs n'est pas encore établi. Mais leur colère contre l'État les rassemble.
Dans ces conditions, le mouvement des agriculteurs de l'Hexagone peut aussi s'étendre en Martinique et en Guadeloupe. Les mesures du gouvernement pour les agriculteurs devraient être annoncées en deux temps. D'abord en marge d'un déplacement de Gabriel Attal en fin de semaine, puis lors de son discours de politique générale, prévu mardi prochain à l'Assemblée nationale. Les agriculteurs de Martinique attendent du concret de la part de l'État.