Les salons de coiffure ont reçu lundi dernier (16 mars) une circulaire de l’agence régionale de santé (ARS) leur intimant l’ordre de fermer. Comme ses collègues, Geoffrey Ninel, le patron du Best barber world, situé au 9 rue Isambert à Fort-de-France s’est exécuté immédiatement. Pas question de contester une telle décision quand on exerce un métier "à risque" où l’on est en contact permanent avec les clients et donc susceptible de contracter la maladie. Pour le reste aussi, Geoffrey Ninel prend les choses avec philosophie. Il explique :
Pour ses propres démarches administratives, Geoffrey Ninel a bénéficié de l’assistance d’Hélène Agricole. Elle gère le groupe WhatsApp qui rassemble les cent-vingt-deux commerçants de la rue Isambert. Le jeune coiffeur de 37 ans, qui a ouvert son salon en août 2017, s’en remet à l’efficacité de cette femme dynamique :"J’ai quatre coiffeurs qui opèrent dans mon salon. Ce ne sont pas mes employés mais des sous-traitants. Ils travaillent à leur compte et me versent un loyer chaque mois. Avec la situation actuelle, ils ne pourront pas me payer et je ne veux pas les obliger à le faire, car je n’oublie pas qu’ils ont des familles. Donc, je me suis arrangé avec eux".
Si tout se passe relativement bien pour Geoffrey Ninel, il n’en n’est pas de même pour Fabienne Adélaïde. Elle dirige l’institut de beauté Cassiopée Spa, qui propose des massages, des soins du visage, ou des séances d’épilation, à la zone de Champigny à Ducos."Avant même cette crise sanitaire, elle avait géré les dossiers de certains commerçants du groupe, au moment du mouvement social contre la réforme des retraites. L’État avait payé une partie de leurs loyers. La semaine dernière, elle s’est à nouveau occupée de nous, en envoyant les mails nécessaires. J’ai déjà reçu la réponse de la Sacem. Je dois maintenant constituer mon dossier pour les loyers".
Fabienne Adélaïde a démarré son activité, avec une employée, en octobre 2017. Le succès aidant, elle a embauché, le mois dernier, en CDI, une deuxième salariée. L’institut dispose désormais d’un portefeuille d’environ mille cinq-cents clients et en recevait une quinzaine par jour, jusqu’à sa fermeture lundi dernier. Fabienne Adélaïde raconte :
"Dès réception de la circulaire de l’ARS, j’ai placé mes deux employés en arrêt pour garde d’enfants jusqu’au 31 mars. Mais il faudra bien que je les paie à la fin du mois. Or je n’ai pas de trésorerie. J’ai écrit à ma banque pour demander une augmentation de mon découvert, sans réponse pour l’instant. J’ai demandé également qu’elle fasse opposition aux prélèvements de la CGSS, de l’URSAAF et de l’IRCOM".
Pour Fabienne Adélaïde, le chemin de croix administratif se résume à un ensemble d’organismes et de sites internet, plus saturés les uns que les autres. Il lui a fallu des dizaines de tentatives "de jour comme de nuit" pour accéder aux sites de la DIECCTE et de AMELI, pour l’arrêt de travail et le chômage partiel de ses deux salariées.
Fabienne Adélaïde poursuit :
Pour faire la déclaration d’arrêt de mon activité, j’ai essayé en vain de me connecter pendant une semaine au site de l’URSAAF. Finalement, découragée, j’ai passé la main à ma comptable. Je n’ai pas réussi non plus à accéder au site des IMPOTS. Fort heureusement, j’avais une adresse mail. Je leur ai écrit et ils m’ont répondu".
Au septième jour de confinement, les acteurs du bien-être s’accrochent eux aussi pour ne pas céder au mal-être que la pandémie provoque chez une partie de la population, pressée de pouvoir sortir librement à nouveau. En attendant des jours meilleurs, ils s’appliquent, bon gré mal gré, la formule : "Rété a kay zot".