Coupures d’eau au Lorrain : pourquoi le quartier Morne Capot est-il plus souvent impacté ?

Le réseau d'eau potable sur la route nationale au Lorrain (image d'illustration).
Plusieurs quartiers lorrinois étaient encore privés d’eau potable ce lundi 24 mars. Certains étaient en souffrance depuis mercredi dernier, avant un retour progressif à la normale annoncé en fin de semaine. C’est le cas de Morne Capot, dont les usagers sont toujours mécontents. La nouvelle société distributrice, la SAUR, délégataire depuis janvier dernier, promet aux 16 communes de Cap Nord "un service de qualité pour tous les clients".

Depuis des années, les habitants de plusieurs quartiers du Lorrain situés en particulier sur les hauteurs du territoire, se plaignent de "coupures régulières". L’approche de la sécheresse attise forcément leurs inquiétudes ; car ils se souviennent surtout des grosses perturbations sur le réseau d’eau potable en 2022, au plus fort de la période du carême.

La cause est connue de tous depuis bien longtemps : la vétusté des canalisations construites dans les années 50, dont les fuites sont estimées à 40%. La ville du Lorrain n’est pas un cas isolé dans le Nord de l’île ; idem dans le Sud et le Centre, où les tuyaux sont également en mauvais état.

Priorité à Séguineau

À son arrivée à la tête du conseil exécutif de la CTM (Collectivité Territoriale de la Martinique) en juillet 2021, Serge Letchimy a pris ce très lourd dossier à bras-le-corps. Il avait affiché sa ferme volonté de remplacer des conduits en accord avec l’EPCI Cap Nord, et le premier chantier a été engagé à Séguineau au Lorrain.

Mais force est de constater qu’à Morne-Capot, les coupures persistent comme ce fut encore le cas ces derniers jours, "plus qu’ailleurs" estiment les riverains. Ces derniers qui habitent à proximité de la rivière Capot et de l’usine de production de Vivé, ne décolèrent pas.

Maxence Mirabeau, le nouveau directeur de la SAUR (Société d’Aménagement Urbain et Rural) en poste depuis janvier 2025, livre son explication technique.

"Morne Capot, en bout de chaîne"

Il y a 2 sujets : le conjoncturel et le structurel. Effectivement on a eu une casse de canalisation dans la nuit du 18 au 19 mars. On l’a trouvé le 19 et elle a été réparée le 20 (…). Le problème c'est que dans ce secteur-là, c’est une canalisation liée à une station de pompage qui alimente 4 mornes avec la problématique d’une petite pompe, d’un petit réservoir, donc on met longtemps à remplir (…). Et le dernier réservoir, c’est celui de Morne-Capot, en bout de chaîne (…). Aujourd'hui, on a du mal à réalimenter cet ensemble de réservoirs ; ça se réamorce les uns après les autres assez lentement [et] il y a la vétusté du réseau.

Maxence Mirabeau

"Beaucoup de mornes"

Ce sont des investissements qui doivent être faits au fil des années, qu’il faut programmer au fil de l'eau si j'ose dire, et qui doivent être au-delà j'allais dire du cycle politique. Ce que je dis simplement, c’est que ces investissements auraient dû être faits à une cadence plus élevée. Après, la ruralité de nos territoires aux Antilles, est très particulière. Il y a beaucoup de mornes, les gens qui héritent parfois de terrains situés très hauts, construisent une maison, puis ce sont leurs enfants… etc.

M. Mirabeau

Pièces de raccordement et tuyaux pour la réparation de la casse de Fonds Saint-Jacques, à Sainte-Marie (novembre 2020)

"Il y a plein de petits réservoirs et de petites pompes"

Dans une ville comme Paris, vous avez un branchement tous les 2m de canalisation. Sur les territoires antillais, vous avez un branchement tous les 37m, du fait de la topographie et de la ruralité très dispersée. C’est pour cela qu’il y a plein de petits réservoirs et de petites pompes. Et pour dédouaner ceux qui devaient prendre des décisions quant au renouvellement des tuyaux, parfois vous devez tirer 200 à 300m de canalisation avec une station de pompage, pour une habitation (…). Et la collectivité doit investir pour alimenter cette maison, au détriment du renouvellement du réseau. Donc, le décideur politique est aussi face à cette difficulté.

Maxence Mirabeau, directeur de la SAUR

Promesse d’"un programme ambitieux d’investissement"

La gestion et l’exploitation du service public de l’eau potable du Nord de la Martinique ont été confiées "pour une durée prévue de 10 ans" à la SAUR Martinique depuis le 1er janvier 2025. Cette entreprise succède ainsi à la SME (Société Martiniquaise des Eaux), dans le cadre d’un renouvellement de la DSP (Délégation de Service Public).

Le nouveau délégataire promet aux abonnés de la zone, "un service plus sécurisé, grâce à un programme ambitieux d’investissements et d’un tarif maintenu, voire même baissé sur certaines tranches de consommation".

La prise en charge du service public de l’eau potable dans le Nord de la Martinique marque une étape clé pour contribuer à la solidarité par le maintien du prix de l’eau et maîtriser l’utilisation de cette ressource vitale. Nous mettons en place un dispositif spécifique afin d’optimiser la continuité du service pendant la période de transition. Nos équipes mobilisent leur expertise pour garantir une gestion efficiente, une qualité d’eau optimale et une relation de proximité avec les clients, en concertation avec les élus et les acteurs du territoire.

Maxence Mirabeau,

Directeur de la SAUR Martinique

Bientôt 18 communes sur le réseau

La Société d’Aménagement Urbain et Rural de Martinique prend désormais en charge les 16 communes de CAP NORD et prévoit "l’extension de ses services" aux communes de Trinité et du Robert à partir d’avril 2027.

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