Deux ans après un nouvel épisode du redressement judiciaire, avant la reprise par le réseau Vià, les deux anciens collaborateurs, Hubert Bornil (ex journaliste de la chaîne) et Joslyn Vautor (un des membres fondateurs), s’interrogent sur l’utilisation de la collecte de mai 2018.
(Ils étaient face à la presse, lundi 27 octobre 2020).
Cette population à qui on a vendu un rêve doit savoir, quand on entend que ViàATV va devenir BFM TV, car les négociations existent (…). C’est pas ce qu’on a vendu aux martiniquais (…).
Quand on a créé ATV en 1993, c’était une télé de proximité, complémentaire au service public (…) et que ce soit très clair pour tout le monde, je n’ai aucun intérêt dans ce dossier.
ViàATV déjà absorbé par Altice
Vià, actuel propriétaire d’ATV, est une filiale d’Altice France, appartenant au groupe Altice Europe. De fait, la chaîne privée martiniquaise est déjà dans la cour des grands médias nationaux, tel que RMC mais aussi BFM, qui chapeaute le réseau de télés locales Vià dans l’hexagone.
700 000 euros de dons
Mais c’est surtout le circuit des 700 000 euros qui intéresse les ex salariés et membres de l’association "Média des Îles" créée début mai 2018 avec leurs autres collègues, pour la collecte des fonds du public généreux.
A l’époque, l’initiative a été coordonnée par Miguel Limol, chef d'entreprise.
Quelques semaines après la cagnotte, ce dernier a été "débarqué" par les employés contre son gré d'après l’intéressé. Miguel Limol s’en est expliqué longuement dans un communiqué daté du 7 juin 2020.
J’ai constaté avec regret (…) que les engagements pris auprès de la population de la Martinique, des institutions, des Politiques, des chefs d’entreprises et autres, n’ont pas été respectés et que l’argent collecté n’aurait pas été utilisé pour une prise de participation au capital (…), en tout cas pas à hauteur de ce qui était prévu et convenu avec les investisseurs.
Je suis également outré par ces informations qui circulent disant que les investisseurs privés n’ont pas apporté de numéraire.
Des plaintes ont été déposées
Du coup, Miguel Limol qui affirme avoir rallié de gros donateurs à la cause d’ATV, considère qu'il a été victime d’une "manœuvre" et dit avoir subi "des menaces et des intimidations". Il ajoute avoir porté plainte "à plusieurs reprises".
"L’ensemble des documents et relevés de comptes de l’association ont été remis par mes soins à l’ensemble des autorités (impôts, Procureur de la République, Police Judiciaire)" précise Miguel Limol.
Des suites judiciaires ?
Plusieurs personnes sont concernées dans ce dossier, lequel devrait connaitre des suites judiciaires. Quant aux martiniquais qui ont apporté leur contribution solidaire en 2018, ils attendent eux aussi des réponses, sur la gestion et les projets de Média H Antilles-Guyane depuis plus de deux ans.