Après une première mobilisation locale lundi 29 janvier 2024 à la Collectivité Territoriale de Martinique, les agriculteurs de l'île ont été attentifs aux discours de politique générale du Premier ministre. Bien que leurs doléances doivent être relayées à Paris par Serge Letchimy et le préfet Jean-Christophe Bouvier, ils espéraient néanmoins une prise de parole de Gabriel Attal en leur faveur, comme cela a été fait pour la Bretagne et l'Ocitanie.
Pas d'annonces spécifiques mais des pistes
- Le contrôle de la traçabilité des produits entrant en Martinique faisait partie des demandes des agriculteurs. Lune des premières annonces du Premier ministre est allée dans leur sens : un "Grand plan de contrôle sur la traçabilité des produits pour garantir une concurrence équitable et pour que les normes que l'on applique aux agriculteurs soient aussi respectées par les marchandises étrangères".
- Les agriculteurs de la FDSEA réclamaient l'application de la loi Egalim, pour contrôler les centrales d'achat ; "la mise en place de 100 inspecteurs supplémentaires" sera effective selon le Premier ministre.
- Pour les éleveurs, "des le 5 février, la mise en place d'un guichet unique permettra la prise en charge des frais vétérinaires à la hauteur de 90% " et accélérera les remboursements aux agriculteurs.
- Pour les jeunes professionnels, l'aide à leur installation sera revalorisée : "celles qui sont en attende seront versés dans les prochaines semaines".
- Concernant les échanges avec l'Amérique du Sud, Emmanuel Macron a demandé que les négociations sur le traité de libre-échange entre l'Union Européenne et le Mercosur "soient stoppées".
Des intentions "pas à la hauteur des attentes"
Pas d'annonces spécifiques pour les agriculteurs d'Outre-mer, c'est déjà "un manque de considération de la part du Premier ministre". Le premier à réagir c'est Alexis Gouyé, le président de Banamart.
Le représentant du groupement des producteurs de bananes ne mâche pas ses mots, d'autant plus qu'un plan d'urgence pour les viticulteurs d'Occitanie est annoncé, alors que son groupement en réclame un depuis des années, "pour sauver la filière banane".
Ce discours et un bel exercice de communication. Mr Attal n'a plus la main, c'est la commission européenne qui décide de tout pour nous. Voilà un an que nous réclamons sans réponse un plan d'urgence, l’Occitanie et la Bretagne en ont un, c'est un scandale ! Nous ne sommes pas un territoire Français, il y a deux poids, deux mesures.
Alexis Gouyé - président de Banamart
Du côté de la FDSEA, le discours de Gabriel Attal n'a pas eu de gros effets. Pour le représentant de la Fédération des Syndicats des Exploitants Argicoles de Martinique, "le Premier ministre a repris des annonces déjà faites la semaine dernière ; il a promis d'aller plus loin, nous verrons". En visio conférence avec ses collègues à Paris, il fait aussi remonter les attentes des agriculteurs locaux.
Pour les points précis sur la Martinique par exemple, la réforme du POSEI et du FEADER (les aides européennes), nous porterons nos doleances au représentant de l'Etat. La mobilisation de ce côté-là continue.
Manuel Jean-Baptiste - Président de la FDSEA de Martinique
Les autres groupes d'agriculteurs n'ont pas pour l'instant réagi au discours du Premier ministre. Ils sont reçus ce mardi 30 janvier 2024 en fin de journée en préfecture par le préfet, Jean-Christophe Bouvier.
Ils auront l'occasion d'exprimer leurs réactions et attentes aux mesures annoncées par le chef du Gouvernement. Dans ce dossier, les préfets sont en première ligne en région, une volonté du Premier ministre.