La journée du lundi 27 mars 2023 s’est déroulée sans fait majeur à la rue Schoelcher à Fort-de-France. Pourtant, un arrêté municipal daté du 23 mars 2023, prévoyait aux aurores le démantèlement du campement de fortune installé dans le jardin de l’ancien palais de justice, par des activistes. Mais environ 50 personnes dont des syndicalistes étaient présentes elles aussi, afin de contester cette décision.
Pour rappel, les activistes ont investi l’espace situé en face de la Cour d’Appel, depuis fin janvier 2023. Leur motivation consiste à protester contre l’ordonnance de non-lieu prononcée le 2 janvier 2023 par le tribunal judiciaire de Paris, dans le dossier des pesticides.
Des abris provisoires ont donc été installés sur place et les grilles ont été tapissées de messages hostiles, rédigés sur des bouts de tissu et des pancartes.
Problèmes de "nuisances"
Le 18 mars dernier, des échanges ont eu lieu sur le site entre le maire et les occupants, "au sujet des conséquences et des risques générés par cette occupation".
Cette rencontre s’est tenue après que Didier Laguerre a été alerté par des riverains, le personnel de la Cour d’Appel, le STIS (Service Territorial d’Incendies et de Secours), un rapport de la DHSV (Direction de l’Hygiène et de la Santé de la Ville), la police municipale et le préfet du territoire.
Si le premier magistrat dit soutenir "la cause", il ne saurait se soustraire cependant à ses responsabilités, d’où la décision de la fermeture au public de la Place Légitime Défense, rebaptisée par les campeurs "Lakou kont Non Lieu".
En fin de journée, les irréductibles étaient toujours présents sur les lieux, où les forces de l’ordre ont observé à distance l’évolution de la situation jusqu’en fin de matinée.
Les policiers municipaux ayant été empêchés de fermer complètement le site, l’édilité qui visiblement a décidé de temporiser, a publié en fin d'après-midi un communiqué sur ses réseaux sociaux et dans la presse.
"Il faut trouver une solution digne…"
Entretemps, Didier Laguerre a reçu un courrier à la date du jour, signé par maître Raphaël Constant, un des conseils des activistes.
Dans cette lettre, l’avocat estime que "l’arrêt contient des affirmations discutables", mais il souligne qu’il "tient compte du positionnement public" du maire foyalais sur la problématique. Me Constant invite ce dernier à "trouver une solution digne à cette situation".
La violence, la répression, ils ne résoudront rien et risquent d'enclencher un cycle mortifère dont vous serez considéré comme responsable. Il ne faut pas brimer la liberté d'expression de ceux qui refusent la fatalité et le déni de l'injustice. Ceci ne serait conforme ni aux intérêts des occupants qui se battent contre une injustice, ni au vôtres, ni à ceux du peuple martiniquais. Les occupants ne souhaitent pas que ce soit encore une juridiction française qui tranche un litige entre martiniquais, et ne saisirons le Tribunal Administratif que contraints et forcés.
Raphaël Constant(courrier du 27 mars 2023 adressé au maire de Fort-de-France)
Le courrier précise également que "les occupants se sont toujours inscrits dans une démarche de dialogue et d’échanges".
Me Constant et son confrère, Me Dominique Monotuka, attendent maintenant une réponse à leur proposition de rencontre adressée au chef de la municipalité, .
La presse de son côté, aurait apprécié cette même "démarche de dialogue et d’échanges" de la part de certains activistes, qui font preuve volontairement d’agressivité verbale vis-à-vis des journalistes de plusieurs médias.