Guyane : la question du statut revient dans le débat public

Mikaël Mancée, un porte-parole des "500 frères".
À l’occasion de la grève générale en Guyane, la question du statut a été posée une nouvelle fois. Une demande de responsabilité politique locale accrue qui n’a guère eu d’écho, bien qu’elle soit régulièrement posée.
Voici quelques années, un ancien préfet de Guyane me confiait, au terme de son séjour à Cayenne : "Des trois DFA, s’il y en a un qui mérite un statut particulier c’est bien la Guyane". Et voilà qu’au détour de la mobilisation populaire à l’appel des collectifs citoyens, la question est revenue dans le débat public. Véritable serpent de mer de la vie politique aussi bien en Guyane qu’en Guadeloupe et Martinique, la question de l’architecture institutionnelle rebondit de temps à autre.

En Guyane, la population et les dirigeants politiques ont en mémoire le dernier discours du député Justin Catayée, en juin 1962, quelques jours avant sa disparition tragique dans un accident d’avion en Guadeloupe, alors qu’il revenait à Cayenne. Le fondateur du Parti socialiste guyanais, cousin du Parti progressiste martiniquais, réclamait un statut spécial.

Sur le fond, son discours demeure actuel. Le niveau de vie de la population s’est considérablement amélioré, mais la maîtrise des ressources naturelles qui permettrait d’asseoir le développement économique, échappe aux habitants et aux responsables du territoire. L’or, le bois précieux de la forêt amazonienne et le pétrole sous-marin constituent des leviers de création  d’emplois et de richesses. Et pourtant, il est impossible d’en tirer profit sur place.

Ceci étant, une consultation de la population a eu lieu, tout comme en Martinique, en janvier 2010. Elle s’est conclue par le refus de la population d’un degré supplémentaire d’autonomie de gestion dans le cadre de l’article 74 de la Constitution. Comme ici. Il reste à savoir si une répartition innovante et originale de la responsabilité politique entre l’État et les collectivités locales sera de nature à modifier la répartition des richesses et assurer l’égalité des citoyens. La grève générale a permis de poser, une nouvelle fois, la question.