Haïti, 3e pays le plus dangereux au monde pour les journalistes

En Haïti, un manifestant porte l'image du photojournaliste Vladjimir Legagneur disparu en 2018 dans l'exercice de son métier
Selon le CPJ (Comité pour la protection des journalistes) basé à New York, c’est la première fois qu’un pays de la Caraïbe figure parmi le top 10 des endroits les plus dangereux pour les journalistes. Après la Syrie et la Somalie, Haiti occupe la troisième place des pays les plus meurtriers pour la profession.

Le Comité pour la protection des journalistes a publié son Indice mondial d’impunité de l’année 2023. Dans le document, on rappelle que plus de 260 journalistes ont été assassinés ces 10 dernières années. Dans 80% des cas, les tueurs courent toujours.

Dans le passé, le Mexique était le pays de la région Caraïbe/Amérique latine le plus dangereux pour exercer le métier de journaliste. Aujourd'hui relégué à la 7e place, c’est Haïti qui se trouve dans le top 3.

Les assassinats qui restent impunis sont une forme d’intimidation des journalistes qui servent à réduire la liberté de la presse et à stopper les enquêtes d’intérêt public.

Indice mondial d’impunité de 2023 du Comité pour la protection des journalistes

Dans son article, "En Haïti, dans un climat d’instabilité et de violence des gangs, les assassins des journalistes impunis," le CPJ évoque le cas de Dumesky Kersaint, jeune journaliste radio qui enquêtait sur la violence près de son domicile à Carrefour-Feuilles, un quartier à proximité de la capitale de Port-au-Prince.

Le matin du 16 avril 2023 est la dernière fois que Dumesky Kersaint, père de famille âgé de 31 ans qui travaillait pour Radio-Télé INUREP, a été vu en vie.

Son corps a été retrouvé quelques heures plus tard avec une balle dans la tête. Selon les témoins, Dumesky Kersaint prenait des photos d’une scène de crime au moment de sa mort.

Ses assassins courent toujours.

En 2022, 9 journalistes tués en Haïti

Frantzsen Charles de FS News Haïti et Tayson Lartigue de Tijén Jounalis ont été tuées par balle le même jour à Cité Soleil.

John Wesley Amady de Radio Écoute FM et Wilguens Louis-Saint de Télé Patriote, Tambou Verité ont été assassinés près de Petion-Ville aux alentours de Port-au-Prince.

Maximilien Lazard, journaliste de "Roi des Infos" a été tué par les balles tirées par les agents de police lors d'une manifestation des salariés du secteur textile qui revendiquaient une revalorisation de salaire.

Le photojournaliste Romelson Vilcin a été lui aussi tué par une balle de la police alors qu'il couvrait une manifestation.

Le journaliste Roberson Alphonse, rédacteur du quotidien Le Nouvelliste a survécu à une attaque. Sa voiture a reçu plusieurs impacts de balles. Après 8 huit jours à l’hôpital pour soigner ses blessures, Roberson Alphonse a quitté le pays.

En 2019 Néhémie Joseph, journaliste à Radio Panic FM et Radio Méga a été retrouvé mort dans le coffre de sa voiture près de la ville de Mirebalais. Il a reçu plusieurs balles à la tête.

En 2023, au moins 5 journalistes ont dû fuir leurs domiciles avec leurs familles à cause de la violence des gangs. Les maisons de ces journalistes ont été incendiées.

Dans l’Artibonite, le propriétaire et les employées de Radio Antarctique ont dû fuir les gangs qui ont attaqué et brûlé les studios de la station.

D’autres journalistes haïtiens ont été enlevés puis libérés contre le paiement d’une rançon.

Le système judiciaire ne fonctionne pas en Haïti pas plus que les institutions. L’assassinat en 2000 du journaliste Jean Dominique et la disparition en 2018 de Vladjimir Legagneur n’ont pas été élucidés.