Haïti : "un pays en état de terreur" s’alarme une représentante de l’ONU

Helen La Lime, représentante spéciale du secrétaire général pour Haïti, devant le Conseil de sécurité (juin 2022).
Dans un exposé face au conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies, la représentante spéciale du secrétaire général pour Haïti, Helen La Lime, a déploré "l'incapacité apparente de la police à faire face à la situation" et "l'impunité manifeste avec laquelle les actes criminels sont commis", qui "fragilisent dangereusement l'État de droit dans le pays".

C’est un constat effrayant qu’a dressé la secrétaire générale pour Haïti devant le conseil de sécurité de l’ONU ces derniers jours. Dans une publication datée du 16 juin 2022 sur le site news.un.org, Hélèn La Lime a évoqué "la détérioration sécuritaire rapide" du pays et "les flambées de violence très inquiétantes" en particulier dans la capitale, Port-au-Prince.

L'horrible violence qui s'est abattue sur les banlieues de Cité Soleil, Croix-des-Bouquets et Tabarre fin avril et début mai, au cours de laquelle les femmes et les filles ont été particulièrement exposées aux violences sexuelles, n'est qu'un exemple de l'état de terreur dans lequel est plongé le cœur politique et économique d'Haïti.

Hélèn La Lime

Hélèn La Lime rapporte que "des dizaines d'écoles, de centres médicaux, d'entreprises et de marchés ont dû fermer". Pour le seul mois de mai, la Police Nationale d’Haïti (PNH) a signalé "201 homicides volontaires et 198 enlèvements", soit une moyenne pour chacun de près de 7 cas par jour.

De plus, "la circulation le long des principales routes nationales reliant la capitale au reste du pays est sérieusement compromise car les gangs ont érigé des barricades" pour restreindre l'accès aux zones qu'ils contrôlent, affectant gravement la circulation des marchandises.

"Actes d’autodéfense" contre les gangs

La représentante spéciale du secrétaire général pour Haïti précise encore que "le tribunal de première instance de Port-au-Prince a été envahi par un gang local, qui a pillé et brûlé des dossiers et des pièces à conviction", tandis que dans d’autres régions du pays, les actes d'autodéfense contre des membres présumés de gangs "bénéficient d'un soutien populaire croissant".

Le secteur de la justice est quasi totalement paralysé (…). L'impasse dans laquelle se trouve l'enquête sur l'assassinat du défunt Président Moïse - pas moins de cinq juges en charge de l’enquête se sont succédés en moins de onze mois - illustre les problèmes profondément enracinés du système judiciaire haïtien (…).

La secrétaire générale pour Haïti devant le conseil de sécurité de l’ONU

La police en Haïti "manque actuellement de ressources humaines, matérielles et financières pour remplir efficacement son mandat" ajoute Hélèn La Lime.

Contrôle de police en Haïti.

"Les besoins humanitaires continuent d'augmenter"

D’après la représentante de l’ONU, cette année, "quelque 4,9 millions d'haïtiens devraient avoir besoin d'une aide humanitaire, dont au moins 4,5 millions de personnes qui devraient avoir besoin d'une aide alimentaire d'urgence". 

Il est essentiel qu'Haïti reste au premier plan des préoccupations de la communauté internationale et que les autorités haïtiennes reçoivent une aide adéquate pour relever ces défis. Néanmoins, seuls les haïtiens détiennent la clé pour sortir de la crise prolongée de leur pays.

Hélèn La Lime

Le BINUH (Bureau Intégré des Nations unies en Haïti) continuera à "encourager toutes les parties à s'engager de manière constructive et à se réunir pour tracer une voie commune vers un retour à la démocratie" a assuré Hélèn La Lime dans son exposé sur la situation.