Fin d'année compromise pour le secteur touristique en Martinique

Images de Martinique
À quelques semaines du début de la haute saison touristique, les acteurs et les professionnels martiniquais s'inquiètent des conséquences du rebond du coronavirus. Ce contexte sanitaire inédit risque de mettre une nouvelle fois à genou la filière, après l'embellie des grandes vacances 2020. 
Les professionnels du tourisme s'interrogent déjà sur la viabilité ou non de la haute saison à venir, au moment où l'on assiste à un rebond du coronavirus. Les hôteliers attendent des "mesures fortes (...), pour tenir avant et pendant" cette période.

Le Comité Martiniquais du Tourisme n'est guère plus optimiste, en dépit des "bonnes tendances" de l'opération partez en vacances et en musique en Martinique.  
 

Ces grandes vacances, les martiniquais et les guadeloupéens ont joué le jeu. Ils sont venus et pas seulement pour les hôtels mais aussi pour les activités de loisir. Les gîtes et les maisons d'hôtes ont très bien fonctionné.

Il y a peut-être les hôtels d'affaires qui ont moins bien fonctionné, car on sait que durant la période estivale, traditionnellement c'est un peu plus compliqué.

(François Baltus-Languedoc, directeur du CMT)  


La haute saison s'annonce compliquée


La fin du mois d'octobre marque en général le début de la haute saison dans l'île. Le CMT a d'ailleurs amorcé sa campagne de commercialisation et de promotion en direction des potentiels visiteurs nationaux et internationaux.  

Mais le secteur ne se fait pas d'illusion pour septembre et octobre, "deux mois qui ne sont pas très bons" habituellement d'après le Comité. Alors il mise plus que jamais sur la croisière, tout en sachant que rien ne sera comme avant.

Concernant les caraïbes, le CDC (Center for Disease Control) a émis "une interdiction de la croisière carrément, jusqu'à la fin du mois de septembre", a annoncé François Baltus-Languedoc sur Martinique 1ère radio lundi 7 septembre 2020. 
 

Aujourd'hui, la Martinique, la Guadeloupe et les autres îles, nous travaillons sur de nouveaux protocoles. Donc on verra...Il n'y a rien de sûr.
Mais pour l'instant, la majorité des escales ont été maintenues et en principe, on commence la saison le 27 octobre avec MSC.


Vu la situation sanitaire, le Comité joue donc la prudence. Concernant les départs depuis Fort-de-France, selon un sondage évoqué par le directeur de l'institution, "seulement à peu près 4000 martiniquais seraient prêts à partir en croisière dans les 12 prochains mois" (...)  donc on attend pour voir comment les choses évoluent".
La plage de Grande Anse aux Anses d'Arlet.

Pas de fatalisme


Face à la résurgence du virus, le territoire déjà frappé par une épidémie de dengue depuis novembre 2019, reste placé en zone rouge. Les protocoles de prévention renforcés, tels que les tests nasaux à subir 72 heures avant de prendre l'avion pour la destination, ne sont pas de nature à enchanter les touristes.

Par conséquent, "plus que se réinventer, il faut d'abord s'adapter" estime le CMT, lequel ne veut pas céder au fatalisme.
 

70 % des visiteurs sont des nationaux. Donc venir en Martinique en cette période sanitaire troublée, c'est plutôt rassurant.
Et puis on a plein d'atouts. La Martinique est plurielle dans ses activités.
Il y a la nature, le spiritourisme...mais rassurer, c'est le premier atout.  

(François Baltus-Languedoc, directeur du CMT)  


Inquiétude chez les hôteliers 


De leur côté, les professionnels de l'hébergement restent sceptiques pour l'avenir, malgré le récent "plan France relance", lequel concerne aussi la filière tourisme.
 

Nous soutenons les objectifs du plan de relance du gouvernement qui ambitionne à la fois de retrouver en 2 ans le niveau économique d’avant-crise et de préparer la France de 2030. 

Nous tenons cependant à lui rappeler que la situation économique pour l’ensemble des acteurs du Tourisme (hôtels et autres hébergements, restaurants, et toutes les activités vivant du tourisme, …) est toujours extrêmement critique, et qu’à très court terme, certains établissements sont menacés de fermeture, faute de trésorerie et de perspectives.

(Philippe Lecuyer, Président de ZILEA) 


"Ce plan est une déception" poursuit le représentant de ces professionnels inquiets pour la prochaine saison, après les déboires subits lors du confinement. Certes, la saison estivale 2020, "bien que courte, fût globalement satisfaisante, mais la situation économique de nos professionnels demeure très préoccupante" souligne Philippe Lecuyer.
Hôtel de luxe près de la mer (illustration).

Pour que réellement nos professionnels sortent la tête de l’eau, nous attendons toujours des mesures fortes à très court terme pour tenir avant et pendant la haute saison prochaine.

(P. Lecuyer)


Le hébergeurs réclament :
- La prolongation du dispositif de l’activité partielle covid-19 "au moins jusqu’au 31 mars 2021 et aussi longtemps que cela sera nécessaire pour accompagner la reprise d’activité du secteur et des sous-traitants dépendant de la filière"
- Une exonération de charges patronales et salariales "jusqu’à la fin de l’année 2020 pour accompagner la relance du secteur"
- La contribution des assureurs "aux pertes d’exploitation"
- Le report des échéances bancaires de 6 mois supplémentaires "pour être porté à 12 mois, jusqu’en mars 2021, pour les TPE et PME du secteur".

Dans ce contexte, la haute saison touristique 2021-2022 risque d'être compromise, si la pandémie devait encore s'intensifier dans les mois qui viennent, une seconde "vague" que redoutent de nombreux spécialistes de la santé.