In memoriam : Alain Anselin et Michel Serres

À gauche, le savant Alain Anselin est décédé à Pointe-à-Pitre le 16 mai 2019, à 75 ans, à droite, le philosophe Michel Serres est décédé, samedi 1er juin 2019, à l'âge de 88 ans.
La récente disparition de deux intellectuels de premier plan, est l’occasion de nous arrêter sur l’importance de la pensée. Le philosophe français Michel serres et l’anthropologue martiniquais Alain Anselin ont su contribuer à nous élever au-dessus de notre humaine condition.
 
"Mesdemoiselles, Messieurs, écoutez bien, car ce que vous allez entendre va changer votre vie". Cette phrase rituelle était prononcée par le philosophe Michel Serres au début de ses cours. En vrai, la courbe de votre vie pouvait être améliorée. Ne serait-ce que parce que le Professeur Serres subjuguait son public, captivé par son approche conviviale et ludique de la philosophie, une discipline considérée à tort comme ardue.

La disparition de Michel Serres est une perte sèche pour la pensée et pour la diffusion des idées. L’essentiel est qu’il a pu transmettre ses découvertes, ses certitudes, mais aussi ses doutes. Un peu comme y était parvenu l’anthropologue martiniquais Alain Anselin, disparu le 13 mai dernier.
 

L’intellectuel est un pourvoyeur d’idées


Il a un mérite incommensurable : avoir mis au jour les relations entre la civilisation de l’Egypte ancienne et celle de la Caraïbe. Il s’est fort intelligemment nourri de l’enseignement de Cheikh Anta Diop, ce chercheur sénégalais ayant révélé au monde occidental les origines africaines de l’humanité.

Alain Anselin a montré ce que nous devons à l’Afrique. Fuyant micros et caméras, il dispensait son savoir immense à des jeunes, au lycée de Dillon ou à l’université.
 

Quelles relations entre ces deux intellectuels de premier plan ?


Tout d’abord, leur faculté de nous rendre moins ignorants. Puis, leur amour du prochain, consistant à l’élever au-dessus de sa condition.

Là où ils se trouvent dorénavant, Alain Anselin révèlera à Michel Serres une réalité qu’il ignorait et qu’il aura soif d’apprendre. Et Serres répètera à Anselin, ce qu’il écrivait : "L’homme est un animal dont le corps perd". Au choix, il perd sa semence, sa substance, son apparence, sa magnificence. Mais aussi son temps, son énergie, sa vie. Va savoir…