Inscription de l'IVG dans la Constitution : les associations féministes de Martinique réagissent

Mercredi (28 février 2024), le Sénat a adopté en première lecture, sans modification, le projet de loi visant à inscrire dans la Constitution de 1958, la liberté des femmes de recourir à l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Cette votation a été saluée par les associations féministes de Martinique. Pour que cette révision soit définitivement adoptée, les députés et les sénateurs devront encore l'approuver à la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés. Le Parlement est convoqué en Congrès à Versailles le lundi 4 mars 2024.

Une étape historique pour les droits des femmes a été franchie le 28 février 2024, après le vote historique des sénateurs et des sénatrices pour l’adoption du projet de loi constitutionnelle visant à inscrire la liberté de recourir à l’IVG (Interruption Volontaire de Grossesse) dans la Constitution.

Cette votation a aussi fait réagir les associations féministes de Martinique. 

Il est important que ça soit gravé dans la Constitution. On est dans une montée du fascisme, on est dans une montée du masculinisme et une montée de la lutte contre les droits des femmes. On le constate tous les jours. (…) 86% des Françaises sont d’accord pour que l’IVG soit inscrite dans la Constitution. Donc c’est la démocratie. Le Sénat doit suivre automatiquement la pensée et la volonté des femmes françaises. Nous, dans notre petit pays, on n’a pas un poids pour décider mais, nous appuyons les luttes des femmes françaises et des féministes françaises.

Georges Arnaud, de l'association Culture Égalité

(interrogée par Irène Émonides et Morgan Garnier)

L’UFM salue le vote du projet de loi par les sénatrices et sénateurs qui vise à inscrire le droit à l’IVG dans la constitution. C’est une victoire pour les droits des femmes. C’est une garantie du droit des femmes à disposer de leurs corps, au moment où ces droits sont remis en question et attaqués par des courants réactionnaires dans différents pays comme les USA, la Pologne, avec aussi quand même des anti IVG qui sont assez virulents en France également. Il faut dire que c’est le fruit d’une importante mobilisation associative et citoyenne, pas seulement des féministes, mais plus largement et aussi et politique. C'est une mobilisation à laquelle nous avons participé, bien sûr. Et aussi avec une opinion publique favorable à 86 % pour cette loi.

Rita Bonheur de l'Union des Femmes de Martinique

(interrogée par Pédro Monnerville)

"Notre problème est l’application des droits des femmes dans le quotidien"

Si les associations se réjouissent de ce progrès, Georges Arnaud regrette que de nombreuses lois pour les droits des femmes ne soient pas concrètement appliquées.  

Ce que je souhaite surtout c’est que les droits soient vraiment appliqués dans la vie quotidienne. On a les droits. Pour ce qui est de l’IVG par exemple, un gouvernement qui arrive ne pourra pas enlever ce droit à l’IVG, on ne pourra pas dire que c’est interdit en France. Mais, on ne donnera pas de subvention aux organismes qui font des IVG. (…) Imaginez que dans une ville, tout le monde applique la clause de conscience. Qu’est ce qu’on fait ? Notre problème est l’application des droits des femmes dans le quotidien comme l’égalité professionnelle, la question des violences, de la lutte contre la prostitution, le harcèlement de rue, la lutte contre le sexisme. Il faut qu’on nous donne les moyens de faire de la prévention contre le sexisme. C’est ce qui est important.

G. Arnaud

Plus de 234 000 IVG en 2022 en France

Pour rappel, l'avortement est autorisé depuis 49 ans en France. La "Loi Veil" du 17 janvier 1975 a temporairement dépénalisé l'avortement et l'a encadré. En décembre 1979, la loi sur l'Interruption Volontaire de Grossesse a rendu définitives les dispositions de la "Loi Veil" et depuis, plusieurs textes sont venus renforcer le droit à l'avortement, notamment la loi de financement de la sécurité sociale pour 2013, pour que les femmes puissent avorter gratuitement.

Le dernier texte voté est la loi du 2 mars 2022 qui allonge de 12 à 14 semaines le délai légal de recours à l'IVG. Selon les derniers chiffres officiels, 234 300 IVG ont été recensées en France en 2022. 

Pour que la révision de la Constitution soit définitivement adoptée, les députés et les sénateurs devront encore l'approuver à la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés. Le Parlement est convoqué en Congrès le lundi 4 mars à Versailles.