Les intellectuels Jamaïcains ont choisi de se servir du New-York Times comme tribune, pour porter leur revendication sur le plan international.
Écrivains, cinéastes ou chercheurs à l’université des West Indies, ils commencent par dresser un constat : plus de la moitié des 2,8 millions d’habitants du pays maîtrisent mieux le créole local que la langue de Shakespeare.
"Le patois (…) avant une transition vers l’anglais"
En 2021, un rapport révélait que plus d’un tiers des élèves entrant en 6ème étaient illettrés en anglais. Une partie du corps enseignant plaide donc "pour que le patois jamaïcain puisse servir à transmettre les bases des enseignements, avant d’opérer une transition vers l’anglais".
Les universitaires défendent quant à eux la richesse de cette langue, qui possède sa propre grammaire et dont le vocabulaire et les tournures sont empruntés à l’Europe, à l’Asie et à l’Afrique.
"Un enjeu d’identité nationale"
Les politiques sont invités à s’emparer de cette question de souveraineté linguistique, que les intellectuels présentent comme "un enjeu d’identité nationale".
Plusieurs créoles ont déjà été identifiés comme langue officielle, par exemple en Haïti, à Curaçao et à Aruba. Plus récemment, une majorité d’élus de l’Assemblée de Martinique ont voté une résolution similaire, mais le préfet du territoire a demandé la suspension de cette décision. La justice a déclaré la requête "irrecevable", le représentant de l’État a fait appel.
En Jamaïque, ce débat intervient alors que Kingston prévoit d’organiser l’an prochain, un référendum pour destituer le Roi Charles 3, comme chef de l’État et devenir, peut-être, une République, à l’instar de la Barbade en 2021.