L’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse se poursuit, un nouveau juge a été nommé en Haïti

En Haïti, Me Gary Orélien va instruire le dossier relatif à l'assassinat du président Jovenel Moïse.
Le magistrat Gary Orélien est désigné par le tribunal civil de Port au Prince pour instruire l’enquête relative à l’assassinat le 7 juillet 2021, du président Jovenel Moïse. Cette nomination intervient deux semaines après le désistement du juge Me Mathieu Chanlatte et l’assassinat de son greffier.

À peine nommé pour diriger l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse, le magistrat Gary Orélien sucite des critiques.

Dans le journal télévisé de la chaïne MetroNews, Me Jean Wilner de l’Association Nationale des Magistrats d’Haïti a souligné que beaucoup de juges ont refusé de toucher le dossier. L’affaire est trop politique. Il était donc impossible de trouver un magistrat plus expérimenté et chevronné. Pour l’heure Me Gary Orélien ne peut pas commencer son travail, car il ne possède ni bureau ni greffier.

Un premier juge se retire du dossier


C’était le 9 août 2021, un mois après l’assassinat du président, le dossier est transféré au cabinet d’instruction du magistrat Mathieu Chanlatte, nommé par le Tribunal de Première Instance de Port au Prince.

Ce choix est immédiatement mis en question. Me Mathieu Chanlatte est accusé de favoritisme dans le traitement de certains dossiers de grande importance. On l’accuse de faire piétiner les enquêtes.  
Le 11 août 2021, son greffier est assassiné. Deux jours plus tard, le juge Mathieu Chanlatte se retire.  

Le magistrat Mathieu Chanlatte se retire du dossier de l'assassinat du président Moïse.

Le rapport accablant du RNDDH


Le 24 août 2021, le journal AlterPresse a publié la totalité du rapport du RNDDH, Réseau National de Défense des Droits Humains, sur les faits liés à l’assassinat du président Moïse et les problématiques de l’enquête judiciaire.  

Dans ce document, le Rnddh a révélé comment Jovenel Moïse a été livré par des responsables de sa sécurité, dont le responsable de l’Unité de sécurité générale du Palais national (Usgpn), Dimitri Hérard, et le coordonnateur de la sécurité générale du président, Jean Laguel Civil.

Dix minutes pour mourir, Jovenel Moïse "livré par des responsables de sa sécurité"


Entre 1h36 et 1h46 le matin du 7 juillet 2021, au moment des premiers tirs dans sa résidence officielle, Jovenel Moïse a passé plusieurs coups de fil aux responsables de la sécurité.

Leon Charles, directeur par intérim de la PNH, Police Nationale d’Haïti a reçu deux appels du président en détresse. Jovenel Moïse appelle le Commissaire divisionnaire Jean Laquel Civil et le Commissaire Dimitri Herard. Ce dernier est responsable de l’USGPN, Unité de Sécurité Générale du Palais National.

Les renforts promis ne sont jamais arrivés.

Léon Charles, Commissaire par intérim de la Police Nationale d'Haïti.

Les 28 hommes du commando, déguisés en agents de la DEA, l’Agence Anti-Drogue des États-Unis, qui ont fait irruption dans le périmètre de sécurité ont trouvé la barrière de la résidence officielle ouverte. Munis de drones, de grenades, de fusils de grand calibre et de lunettes à vision nocturne, ils étaient mieux armés que les 23 gardes du corps du président.  

Les 12 balles retrouvées dans le corps de Jovenel Moïse ont été tirées par 9 assassins d’origine colombienne.

Les obsèques du président Jovenel Moïse.

Ce n’était pas la première tentative d’assassinat


Selon le rapport du RNDDH, il y en a eu au moins trois tentatives d’assassinat sur le président Jovenel Moïse. La situation est devenue si dangereuse que le président a cessé de se rendre au Palais national.